L'arrêt d'une étude sur la MDMA dans le stress post-traumatique - Le coût pour faire un bébé - améliorer le microbiote des nouveaux-nés - Tuer des gens (mais avec une échelle) - les applications de santé mentale - abonnés : une méta-analyse sur l'eskétamine dans la dépression résistante


Et pour une raison assez horrible. L’étude MP4 avait pourtant un objectif important : tester rigoureusement la possibilité que la MDMA puisse aider contre le trouble de stress post-traumatique. Pour cela, les chercheurs canadiens avaient sorti l’artillerie lourde : des études randomisées contrôlées en double aveugle avec des pilotes et des phases progressives pour s’assurer de son efficacité.
Après une première phase, la seconde concernait 12 patients et a été publié avec des résultats encourageants. En tout cas suffisamment pour justifier des essais de phase 3 basés sur l'analyse groupée de six essais contrôlés randomisés de phase 2.
Sauf que cette étude de phase 2 a été brutalement rétractée.
En effet, les éditeurs ont retiré cet article après avoir été informés de violations du protocole équivalant à une conduite contraire à l'éthique sur le site d'étude MP4 par des chercheurs associés à ce projet. Les auteurs ont par la suite confirmé qu'ils étaient au courant de ces violations au moment de la soumission de cet article, mais n'ont pas divulgué cette information à la revue ni supprimé les données générées par ce site de recherche de leur analyse. De plus, les auteurs n'ont pas non plus pleinement déclaré un intérêt concurrent potentiel. En effet, plusieurs des auteurs sont affiliés soit à l'Association multidisciplinaire pour les études psychédéliques (MAPS), soit à la MAPS Public Benefit Corporation (MAPS PBC), une filiale détenue à 100 % par MAPS. Comme indiqué dans la déclaration de financement, MAPS a entièrement financé et fourni la MDMA qui a été utilisée dans cet essai, et MAPS PBC a organisé l'essai.
Mais passons les conflits d’intérêt. Que s’est-il passé sur ce site, et qui aurait été contraire à l’éthique de recherche? Une agression à caractère sexuel, par plusieurs assistants de recherche sur plusieurs patientes.
Note de rétractation :
https://link.springer.com/article/10.1007/s00213-024-06666-x
La lettre de reviewers indiquant les problemes mentionnés :
https://medium.com/@sashatsisko/an-open-letter-to-the-editors-of-psychopharmacology-cec46d1be07e
Sur l’agression (les vidéos peuvent être choquantes) : https://www.cbc.ca/news/canada/british-columbia/bc-mdma-therapy-videos-1.6400256
Chez les mammifères, qui utilisent souvent des placentas pour fournir de l'oxygène et des nutriments et pour éliminer les déchets, et qui maintiennent une température corporelle interne stable, les chercheurs ont constaté que les coûts indirects (pour maintenir le placenta en forme) représentaient environ 90 % des coûts énergétiques totaux de la reproduction. Seulement 10 % de l'énergie totale est utilisée pour fabriquer le bébé. Chez l'homme, 96 % des 208 000 kilojoules (soit près de 50 000 kilocalories) nécessaires à la reproduction sont absorbés par les coûts indirects. Vous pouvez le voir dans la figure en haut à gauche.
En revanche, les ectothermes (les animaux qui ne produisent pas de chaleur) investissent moins de leur budget énergétique reproductif total dans les coûts indirects, ont constaté les chercheurs. Les coûts indirects représentaient environ 55 % en moyenne de leur énergie reproductive. Pour les animaux qui pondent des oeufs, on a un coût encore moins important.
« Pour les mammifères, les coûts indirects de la fabrication des bébés étaient énormes - c'était frappant de voir à quel point ils sont différents des autres organismes », dit David Reznick, un chercheur de l’université de Californie. Inclure le sevrage des bébés après la naissance – comme l'énergie supplémentaire nécessaire pour produire du lait – ajouterait encore plus de coûts.
Wong, C. (2024). How much energy does it take to make a baby? Researchers are rethinking what they know. Nature, 634(8035), 768–769. https://doi.org/10.1038/d41586-024-03402-5
Cela fait maintenant des années que nous savons que les bébés nés par césarienne ont une flore intestinale plus pauvre que les bébés nés naturellement. Cela augmente un petit peu les risques de diarrhées et (très légèrement) d’asthmes et d’infections respiratoires jusqu’aux 6 mois après la naissance et l’introduction de nourriture solide qui permet de développer cette flore. Je précise que la césarienne n’a aucun effet négatif à long terme connu et est une technique d’accouchement sûre pour la mère comme pour le bébé, en tout cas pas moins sûre que les autres méthodes.
Néanmoins, depuis quelques années, des chercheurs essayent de modifier le microbiote de ces bébés pour réduire le gap de diversité microbienne lié à la césarienne.
Fin octobre 2024, des chercheurs rapportaient leurs résultats préliminaires concernant un milkshake de caca (oui vous avez bien lu) dans lesquels on introduit de la matière fécale de la maman dans les premiers laits maternels.
Selon les chercheurs, cette technique a permis de réduire l’appauvrissement de la flore durant les premières semaines. Ils ont en voie de rédiger les résultats sur des enfants suivis depuis 2 ans.
Ils notent cependant que cette méthode est très lourde et couteuse (tester le microbiote des mères et donner à boire aux bébés) pour des effets presque indétectables, les effets bénéfiques d’un microbiote plus riche étant très faibles et difficiles à montrer sur des faibles échantillons.
À noter que ce qui amène aussi à tempérer ces résultats, c’est qu’il n’y a eu que 15 bébés testés, et que des bébés déjà en bonne santé avec des mamans en bonne santé.
https://doi.org/10.1038/d41586-024-03449-4
J’imagine que vous vous posez les mêmes questions que moi le dimanche midi devant votre soupe de lentille froide.
C’est en tout cas très probablement la situation vécue par les auteurs de cette étude. Ils ont demandé à des participants de s’imaginer être un pompier devant sauver des individus dans un immeuble en flamme. Une personne vit au second étage et essaye de sortir. Cinq personnes au troisième étage essayent également de sortir en démolissant un mur. Vous avez la possibilité de démolir le mur avec votre échelle pour sauver ces 5 personnes, mais ce faisant, vous allez faire s’effondrer le mur sur l’étage inférieur, tuant la personne y vivant.
Acceptez-vous de le faire, tuer une personne pour en sauver cinq ?
Pour saler l’affaire, dans la moitié des cas, on disait au participant que la personne du second étage avait démarré le feu pour s’amuser.
Que s’est-il donc passé pour ces 1100 participants ? Dans la majorité des cas, ils n’ont pas eu de problème de sacrifier la personne quand elle avait démarré le feu juste pour s’amuser, alors qu’elles avaient plus de difficulté lorsque la personne était innocente, ce qui montre que nous avons une philosophie plus déontologique (on juge selon le bien et le mal) qu’utilitariste (on maximise le nombre d’individus sauvés).
Maintenant, vous savez quoi faire si la situation se présente à vous.
Conway, P., Dawtry, R. J., Lam, J., & Gheorghiu, A. I. (2024). Is It Fair to Kill One to Save Five? How Just World Beliefs Shape Sacrificial Moral Decision-making. Personality and Social Psychology Bulletin. https://doi.org/10.1177/01461672241287815
La majorité des applications de santé ne sont jamais utilisées, 75% d’entre elles sont désinstallées après le premier jour, 98 % après 30 jours, selon les données disponibles sur le Google Play store.
Cela ne signifie pas forcément que les applications sont inutiles, mais ne sont utilisées que par une portion extrêmement minime d’utilisateurs.
Baumel, A., Muench, F., Edan, S., & Kane, J. M. (2019). Objective User Engagement With Mental Health Apps: Systematic Search and Panel-Based Usage Analysis. Journal of Medical Internet Research, 21(9), e14567. https://doi.org/10.2196/14567
Si vous ne savez pas ce qu’est un estimand, je vous invite à regarder ma série sur les inférences causales sur instagram.
Une méta-analyse s’est intéressée à l’utilisation de médicaments pour traiter les patients dépressifs résistants aux antidépresseurs. Elle a trouvé les résultats suivants:
Comme vous le voyez, la majorité des médicaments touchent 1 (pas d’effet). Ceux qui ont eu un effet bénéfique sont en rouge. Parmi eux, ceux dont on est le plus sûr de l’effet ont un carré plus gros. Vous pouvez ainsi constater que le médicament avec le plus gros carré et en rouge est la kétamine (la septième ligne).
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