Animaux de compagnie et troubles mentaux - Utiliser des tests médicaux sur les réseaux sociaux - Donner de l'argent rend moins dépressif - Les interventions de santé mentale à l’école - Créer des logiciels informatiques, c'est compliqué


Kessel ayant eu un problème avec la coupe abonnée, je vous renvoie cette newsletter entièrement disponible. Désolé pour le doublon.
Selon une énorme cohorte danoise, avoir un chat (mais pas un chien) est associé avec des troubles psychiatriques. Probablement que le chat étant plus indépendant, c'est plus facile de s'en occuper avec un trouble. C'est visiblement pas la théorie des chercheurs qui indiquent que ça pourrait être lié à la toxoplasmose ou à un lien génétique entre les troubles psychiatriques et les préférences pour les chats ...
Malheureusement ce post est sans source, j’ai essayé de la retrouver sans succès sur bluesky. Si vous la retrouvez, je suis preneur. J’ai cependant trouvé cette méta-analyse montrant le lien négatif entre la possession de chat et la schizophrénie, et une série d’études de cohortes ne montrant pas d’effet, en particulier durant la covid, d’avoir un animal sur la santé mentale. Cet article est l’un des plus récents sur la dépression.
Bref, pas très sûr de tout ça et il faudra attendre que cette étude sorte pour pouvoir en parler plus longuement. J’espère que vous appréciez les news approximatives.
Les médias sociaux sont une source influente d'informations médicales, mais on sait peu de choses sur la façon dont les publications sur ces réseaux traitent des tests médicaux qui présentent un potentiel de surdiagnostic ou de surutilisation. Une étude a évalué les publications sur Instagram et TikTok entre le 30 avril 2015 et le 23 janvier 2024, qui traitaient de l'imagerie par résonance magnétique (IRM), du test de détection précoce des cancers multiples des tests d'hormone antimüllérienne, de microbiome intestinal et de testostérone.
982 publications, avec un total de 194 200 000 abonnés ont été analysées.
Pour l'ensemble des tests, des avantages ont été mentionnés dans 855 messages (87,1 %) et des inconvénients dans 144 (14,7 %) des messages. 60 (6,1 %) mentionnant le surdiagnostic ou la surutilisation de ces tests.
Dans l'ensemble, 823 messages (83,8 %) avaient un ton promotionnel (par rapport à neutre ou négatif). Des preuves ont été explicitement utilisées dans 63 publications (6,4 %), et à l’inverse, des anecdotes personnelles ont été utilisées dans 333 (33,9 %) des publications, 498 publications (50,7 %) ont encouragé les usagers à agir et à se faire tester, et 668 titulaires de compte (68,0 %) avaient des intérêts financiers déclarés.
Point positif : les messages des médecins étaient plus susceptibles de mentionner des préjudices et moins susceptibles d'avoir un ton promotionnel par rapport aux autres.
En résumé, la plupart des publications étaient trompeuses ou ne mentionnaient pas de préjudices importants, notamment le surdiagnostic ou la surutilisation. Ces données démontrent la nécessité d'une réglementation plus stricte des informations médicales trompeuses sur les médias sociaux.
Pré-enregistrement : Oui
Données accessibles : Non
Nickel B, Moynihan R, Gram EG, et al. Social Media Posts About Medical Tests With Potential for Overdiagnosis. JAMA Netw Open. 2025;8(2):e2461940. doi:10.1001/jamanetworkopen.2024.61940
C'est la conclusion de l’article publié dans Psychological Science, la revue scientifique la plus prestigieuse de la psychologie. Mais est-ce vrai ? Quentin André, sur Bluesky, en doute.
En effet, il est écrit dans l'article que les 3 expérimentations n'ont pris en compte quedes participants dépressifs (ce aui est bien) mais aussi que les participants ayant réussi la manipulation expérimentale (i-e qui ont compris les raisons de la donation). Et vous savez qui n'a pas la capacité mentale de faire l'effort de comprendre la manipulation expérimentale ? ? Oui, les personnes les plus dépressives de leur échantillon. C'est ce que l'on appelle un biais du collisionneur, ici, les chercheurs se sont intéressé à l'effet de la dépression sur la donation en "contrôlant" que les participants ne soient pas trop dépressifs, faisant probablement apparaitre un effet faux positif. L'effet est faible de toute façon. Bref, le résultat reste faux, jusqu'à preuve du contraire.
Pré-enregistrement : Oui
Données accessibles : Oui
Zhang, Y., Jiang, Q., Luo, Y., & Liu, J. (2025). *Can One Donation a Day Keep Depression Away? Three Randomized Controlled Trials of an Online Micro-Charitable Giving Intervention. Psychological Science, 36(2), 102-115. https://doi.org/10.1177/09567976251315679
Le 3ᵉᵐᵉ fil Bluesky, contenant les autres : https://bsky.app/profile/quentinandre.bsky.social/post/3lkvv4who7k2p
Selon une grosse étude anglaise sur 12 166 élèves de 153 écoles sur plusieurs années, les campagnes de sensibilisation à la santé mentale n'ont pas d'effet sur les difficultés émotionnelles des enfants, 3 mois, et 6 mois après l'intervention. D’ailleurs, les élèves des écoles ayant suivi l'intervention ont des difficultés émotionnelles supérieures à 9-12 mois après l'intervention que les écoles contrôle. Au final, les chercheurs du département de l'Éducation ne recommandent pas les campagnes de sensibilisation dans les écoles.
Il en va de même pour les campagnes de mindfulness à l'école, qui ont parfois trouvé des effets positifs sur les difficultés émotionnelles (chez les filles au lycée) mais aussi négatifs (chez les personnes à besoins particuliers et les personnes ayant déjà eu des problèmes émotionnels dans le passé). Les chercheurs ne recommandent à nouveau pas son implémentation à l'école.
>J’aime beaucoup ces études à large échelles qui montrent que des interventions qui semblent efficace sur des petits échantillons controlés n’ont pas d’effet ou des effets délétères quand on prend en compte de nombreuses écoles. On voit ici une similitude avec le travail de Dr. Mick sur le trop plein de sensibilisation et le peu d’action dans le milieu de la santé se refléter à l’école : la sensibilisation marche toujours moins que les changements systémiques pour améliorer les conditions d’existence des élèves.
Les chercheurs ont utilisé les "enregistrements en ligne" de changement de code de logiciels pour comprendre ce qui se passe dans la création de logiciels.
Les chercheurs ont analysé le temps de cycle, une mesure couramment utilisée pour évaluer le temps écoulé entre la création d'un ticket et son achèvement, à partir d'un ensemble de données comprenant plus de 55 000 observations provenant de 216 organisations. Ils constatent des associations entre le temps de cycle et des facteurs tels que le nombre de jours de codage par semaine, le nombre de demandes de fusion de tickets et le degré de collaboration. Cependant, ces effets sont contrebalancés par des variations considérables et inexpliquées entre les individus et pour le même développeur au cours du temps.
En conclusion, si des facteurs communs au lieu de travail influencent effectivement le temps de cycle, aucune observation isolée ne fournit d'indication suffisante pour expliquer les performances. Pour améliorer la vitesse de développement des logiciels d'information, il va falloir une réflexion plus poussée au niveau des systèmes plutôt que des interventions axées sur les individus.
Pré-enregistrement : Non
Données accessibles : Non
Flournoy, J. C., Lee, C. S., Wu, M., & Hicks, C. M. (2025). No Silver Bullets: Why Understanding Software Cycle Time is Messy, Not Magic (Version 3). arXiv. https://doi.org/10.48550/ARXIV.2503.05040
>Ce qu’il faut retenir de cet article; c’est le titre : il n’y a aucun processus magique qui permet de s’assurer d’un bon développement de logiciel informatique. Il y a des essais, des erreurs, des idées à implémenter et c’est compliqué.
L’article The Long-Disputed Science of Twin Studies de Jay Joseph propose une critique approfondie des études sur les jumeaux, largement utilisées en psychologie et en psychiatrie pour affirmer que des traits comme l’intelligence, la personnalité ou les troubles mentaux seraient principalement d’origine génétique. Joseph est un chercheur influent dans le milieu, ayant publié plusieurs articles sur la pseudoscience des études de jumeaux, ainsi que des livres.
L’auteur rappelle que ces études ont historiquement joué un rôle central dans la diffusion d’une vision biologiquement déterministe du comportement humain. Il souligne toutefois que cette confiance repose sur des méthodes anciennes et controversées, souvent présentées comme solides alors qu’elles font l’objet de débats scientifiques depuis des décennies.
Joseph s’attarde particulièrement sur la méthode classique comparant les jumeaux identiques et fraternels élevés ensemble, qui repose sur l’hypothèse dite de « l’environnement égal » : les deux types de jumeaux seraient exposés à des environnements similaires. Or, selon l’auteur, cette hypothèse est intenable, car les jumeaux identiques sont généralement traités de manière bien plus semblable par leur famille, leur entourage et la société, passent plus de temps ensemble et sont souvent perçus comme une unité. Ces différences environnementales, insuffisamment prises en compte, peuvent expliquer une grande partie de leurs ressemblances, ce qui conduit à surestimer l’influence des gènes.
Les études de jumeaux élevés séparément, souvent présentées comme la preuve la plus convaincante d’un déterminisme génétique, sont elles aussi fortement critiquées. L’auteur rappelle qu’elles sont peu nombreuses (il en dénombre un total de 6, la plus ancienne datant de 1937), qu’elles ne reposent pas sur des séparations réellement indépendantes et que les jumeaux partagent malgré tout des influences communes liées à leur époque, leur culture et leur contexte social. De plus, ces études se sont toutes faites sur la base du volontariat sans aléatoirisation, biaisant la représentativité de l’échantillon. Enfin, dans ces études; il était rare d’avoir des jumeaux totalement séparés les uns des autres, seulement partiellement (75% avait des contacts entre eux, et même 23% ont vécu ensemble après leur “séparation” pendant au moins 12 mois). En fait, une grande partie des jumeaux élevés séparément le sont parce que les parents sont décédés et sont élevés par leur famille proche, dans des maisons géographiquement proches, voir ensemble. Fréquemment, les oncles et tantes se répartissent la garde des enfants, ce qui amène à conclure qu’ils vivent séparément mais sont pourtant ensemble.
Il dénonce également l’usage d’anecdotes médiatisées, comme celles de jumeaux aux parcours étonnamment similaires, qui renforcent une interprétation génétique sans valeur scientifique réelle. Il indique que dans la majorité des études, il n’y a pas de groupes contrôles, on suppose une héritabilité de 0 et on compare l’héritabilité des jumeaux à 0, ce qui amène à surestimer l’héritabilité.
En conclusion, Joseph estime que les résultats des études sur les jumeaux ont été largement exagérés et appelle à une réévaluation critique de ces recherches, en accordant un rôle bien plus central aux facteurs environnementaux.
Le billet de blog : https://www.madinamerica.com/2024/09/the-long-disputed-science-of-twin-studies/
Un article sur le sujet : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/11780600/