Le LSD microdosé et la créativité - Augmenter le SMIC partout - Dépression et USA - Nous cachons nos réplications - Preuve d’absence et absence de preuve - Les essais randomisés contrôlés ne suffisent pas


Une étude avec un nombre de participants relativement important (40 par groupe, soit presque deux fois plus que dans les études habituelles), ne trouve pas de lien entre la prise de LSD microdosé tous les trois jours pendant six semaines et l’augmentation de la créativité selon quatre tâches traditionnelles de créativité. Dans une des tâches, on présentait des mots et on demandait aux participants de trouver le maximum d'usages de ces mots. Dans une seconde tâche, on présentait trois mots et les participants devaient trouver un 4ᵉ qui liait conceptuellement les autres.
Par exemple pour la première tâche :
Les résultats sont toujours autour de 5, peu importe le groupe et peu importe le moment. Les résultats sont similaires pour les quatre tâches.
Préenregistrement : Non
Données libres : Non
>Les participants qui avaient l’impression d’être plus créatifs sous LSD ne l’étaient en fait pas, et pas plus que les autres.
Murphy, R.J., Sumner, R.L., Godfrey, K. et al. Multimodal creativity assessments following acute and sustained microdosing of lysergic acid diethylamide. Psychopharmacology (2024). https://doi.org/10.1007/s00213-024-06680-z
On en parle régulièrement dans cette newsletter, les études sur le revenu inconditionnel, le salaire de base ou le SMIC, qu’elles soient faites aux USA ou en Afrique, ne trouvent généralement pas d’effet ou pas d’effets importants sur l’employabilité ou d’autres mesures du travail. Au contraire, l’augmentation du SMIC améliore les conditions de vie, la santé physique et mentale.
Dans un billet de blog, Zipperer regroupe un certain nombre de ces études pour les comparer. Il conclut :
« La réaction médiane de l'emploi aux augmentations de salaire dans les études publiées depuis 2010 est très proche de zéro. Les politiques en matière de salaire minimum sont l'un des sujets les mieux étudiés dans la recherche économique, et la conclusion qui s'impose est que les augmentations du salaire minimum à ce jour ont permis d'augmenter la rémunération des travailleurs à bas salaire. À l'inverse, notre incapacité à augmenter les salaires minimums - en particulier le salaire minimum national, qui a chuté de 29 % en termes corrigés de l'inflation au cours des 15 dernières années [ndlr aux USA] a supprimé les salaires de millions de travailleurs à bas salaire qui tentent de joindre les deux bouts. »
Bon, il se trouve qu’au moment où je publie ce billet de blog, j'ai… perdu le lien du billet de blog. Je n’ai pas réussi à le retrouver malgré la citation, allons bon…
Aux USA ; 30 % des familles ont au moins un membre qui a une dépression. Ces familles consomment en moyenne moins que les autres, visitent moins les hypermarchés et plus de petits supermarchés. Ils dépensent moins d’argent dans les produits frais et l’alcool, et plus sur le tabac. Pourquoi moins dans l’alcool et plus dans le tabac ? Peut-être qu’ils consomment plus d’alcool dans les bars que chez eux.
Préenregistrement : Non
Données libres : les données appartiennent à une entreprise marketing.
Meckel, K., Shapiro, B.T. Depression and grocery shopping behavior. Quant Mark Econ (2024). https://doi.org/10.1007/s11129-024-09290-3
La science empirique se base essentiellement sur la réplication pour juger si un phénomène est scientifique ou non. D’ailleurs, l’idée même de p-valeur est liée à la réplication (la p-valeur étant la chance d’obtenir une valeur aussi extrême que celle que nous avons trouvé… si on réplique la méthode utilisée). Pourtant, un constat universel est qu’il y a extrêmement peu de réplications publiées.
La question se pose de savoir si ce manque de réplication dans la littérature est dû au fait que peu de personnes cherchent à répliquer ou que les réplications sont cachées par ceux qui en font ?
Une étude dans le domaine biomédical penche pour la seconde hypothèse.
À l'aide d'une enquête en ligne associée à des entretiens qualitatifs semi-structurés, des chercheurs ont examiné la fréquence à laquelle les doctorants en sciences biomédicales d'une grande université publique américaine ont vécu des événements qui pourraient être interprétés comme des échecs de reproduction et comment ils ont réagi à ces expériences. Presque tous les participants avaient essayé de reproduire des effets sans succès : 84 % n'avaient pas réussi à reproduire leurs propres résultats, 70 % n'avaient pas réussi à reproduire les conclusions d'un collègue et 58 % n'avaient pas réussi à reproduire un résultat de la littérature publiée.
Les participants ont signalé des sentiments de doute de soi, de frustration et de dépression, et dans 24 % des cas, ces réponses émotionnelles étaient suffisamment fortes pour interférer avec l'alimentation, le sommeil ou la capacité des participants à travailler.
La majorité (82 %) des participants ont d'abord cru que les résultats anormaux pouvaient être attribués à leur propre erreur. Cependant, après d'autres expériences, la plupart des participants ont conclu que le résultat original était erroné (38 %), qu'il y avait une différence clé entre l'expérience originale et la leur (17 %) ou qu'il y avait un problème avec le protocole (17 %).
Ces résultats suggèrent que les étudiants diplômés en sciences biomédicales peuvent être biaisés en interprétant initialement les échecs de réplication comme une indication d'un manque de compétence, ce qui peut déclencher ou perpétuer des sentiments d'anxiété, de dépression ou d'imposture.
Préenregistrement : Non
Données libres : Oui
Lubega, N., Anderson, A., & Nelson, N. C. (2023). Experience of irreproducibility as a risk factor for poor mental health in biomedical science doctoral students: A survey and interview-based study. In D. A. Forero (Ed.), PLOS ONE (Vol. 18, Issue 11, p. e0293584). Public Library of Science (PLoS). https://doi.org/10.1371/journal.pone.0293584
> Si cela vous intéresse, on en a fait un épisode entier de podcast avec le poto Nathanaël : https://open.spotify.com/episode/768nZ7mVjGkfD2nzxEFGfr
Les résultats non significatifs de la recherche psychologique sont souvent interprétés à tort comme reflétant l'absence de l'effet. Or preuve d’absence n’est pas la même chose qu’absence de preuve.
Dans une étude préenregistrée, des chercheurs ont enquêté sur ces questions en examinant les discussions de 599 articles publiés dans 10 revues de psychologie et à trois moments (2009, 2015, 2021), et en codant si un résultat non significatif a été interprété de manière à suggérer que l'effet n'existe pas.
Entre 76 % et 85 % des articles de psychologie publiés entre 2009 et 2021 qui traitaient d'un résultat non significatif ont mal interprété la non-signification comme ne reflétant aucun effet.
Entre 54 % et 62 % des articles au cours de cette période ont affirmé explicitement que cela signifiait qu'il n'y avait aucun effet sur la population d'intérêt.
À l’inverse, seulement entre 4 % et 8 % des articles discutaient explicitement de la possibilité que l'effet non significatif puisse exister mais n'ait pas pu être trouvé. Les différences dans les taux de prévalence au fil du temps n'étaient pas significatives.
Collectivement, ces résultats indiquent que cette erreur d'interprétation est un problème majeur en psychologie.
Préenregistrement oui et très complet
Données libres : oui et extrêmement claires
> Comme indiqué dans l’introduction de l’article : à quel moment serait-il normal qu’un effet soit exactement de 0 dans un monde où les relations sont complexes et tout corrèle avec tout ? Il faudrait prouver avec une précision forte que l’effet est exactement de 0 pour dire qu’il y a une absence d’effet.
Murphy, S. L., Merz, R., Reimann, L., & Fernández, A. (2024, November 13). Nonsignificance Misinterpreted as an Effect’s Absence in Psychology: Prevalence and Temporal Analyses. https://doi.org/10.31234/osf.io/hm2tu
Publiée dans JAMA, cette étude compare les résultats d’essais randomisés contrôlés et de « mégastudies », des études faites sur des dizaines de milliers de personnes, avec moins de contrôle.
Dans l’ensemble, les résultats sont similaires, mais les essais randomisés contrôlés produisent des tailles d’effet bien plus fortes que des mégastudies (ce qui est logique, plus on contrôle, plus l’effet est fort comparé au bruit).
Le souci ? Il y a largement moins de méga-studies que d’essais randomisés contrôlés, ce qui rend difficile aux chercheurs de dire si un médicament fonctionne « dans la vraie vie ».
Comme l’indique le chercheur Bob Roehr, « on a des centres de soin formule 1 mais on a souvent aucune idée de si les soins qu’on fait là-bas se retrouveront dans des cliniques normales ».
Préenregistrement : Oui
Données libres : les données proviennent de ClinicalTrials.gov
Kastrati, L., Raeisi-Dehkordi, H., Llanaj, E., Quezada-Pinedo, H. G., Khatami, F., Ahanchi, N. S., Llane, A., Meçani, R., Muka, T., & Ioannidis, J. P. A. (2024). Agreement Between Mega-Trials and Smaller Trials. In JAMA Network Open (Vol. 7, Issue 9, p. e2432296). American Medical Association (AMA). https://doi.org/10.1001/jamanetworkopen.2024.32296
Une analyse ADN fine montre que les victimes de Pompéi intitulées « une mère protégeant son enfant » étaient en fait un homme qui n’a pas de lien de parenté avec l’enfant.
La fable du contrôle de soi.
Après avoir travaillé plus de 20 ans sur des études sur le contrôle de soi, Michael Inzlicht est clair : ça ne sert à rien.
Si la maîtrise de soi-traits est systématiquement liée au succès, la maîtrise de soi-état n'est pas le mécanisme causal à l'origine de ces avantages. La maîtrise de soi-traits est le trait de personnalité majoritairement génétique. La maîtrise de soi-état est la maîtrise de soi variable et liée à l’apprentissage et l’éducation.
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