Des tomates et des patates - Une revue des études sur l'esprit critique à l'université. - Moins de bruit - Que dit la presse française des personnes qui ne travaillent pas ? - Autisme et travail de groupe. Bonus : l'apprentissage visible d'Hattie et ses erreurs


Aussi incroyable que cela puisse paraître, il semblerait que la tomate ... soit l'ancêtre de la pomme de terre.
Grâce à l'analyse de 128 génomes, dont 88 génomes résolus par haplotype (que puis-je vous dire), les chercheurs ont trouvé que Petota est d'origine hybride ancienne, tous les membres présentant une ascendance génomique mixte stable, dérivée des lignées Etuberosum et Tomato il y a environ 8 à 9 millions d'années.
Un article de vulgarisation est disponible ici : https://www.science.org/content/article/thank-ketchup-your-french-fries
La pensée critique est considérée comme un point central du développement cognitif et une raison d'être de l'enseignement supérieur. Dans cette revue, les chercheurs ont analysé les interventions d’esprit critique dans l'enseignement supérieur par rapport aux caractéristiques des participants; l'orientation et la durée des interventions; et le traitement spécifique de mesure et d'analyse de données. Quarante-cinq études publiées entre 2010 et 2023 ont été examinées.
L'une des principales conclusions de cette analyse est que la plupart des définitions de la pensée critique sont centrées sur la façon dont elle se manifeste (procédurale) plutôt que sur sa nature inhérente (ontologique). De plus, les mesures utilisées étaient souvent mal alignées avec les définitions des chercheurs. Le manque de détails méthodologiques des études a empêché une analyse approfondie des caractéristiques de l'intervention par rapport aux résultats rapportés et a soulevé des questions sur les conclusions causales tirées. Parmi les implications discutées, les auteurs indiquent que les chercheurs qui travaillent sur l’esprit critique doivent affiner les concepts, s'assurer une plus grande cohérence interne entre la conception et la mesure de l’esprit critique, adopter des approches analytiques de données plus prudentes et décrire plus richement l'intervention mise en œuvre, les participants à l'étude et le contexte.
Préenregistrement : Non
Données ouvertes : Non
>Devrions-nous exercer notre esprit critique sur un article qui n’est ni enregistré ni n’a des données en libre accès ?
Schoute, E. C., & Alexander, P. A. (2025). A Critical Analysis of Critical Thinking Interventions in Higher Education. PsychArchives. https://doi.org/10.23668/psycharchives.16220
Dans cet article, il est expliqué par des lois physiques et mathématiques pourquoi le fait de baisser le volume sur l'ordinateur serait… l'un des facteurs de consommation du CPU les plus importants. Le CPU, c'est un peu le cœur de l'ordinateur, c'est le matériel permettant de faire tous les calculs de base de l'ordinateur.
Il y est expliqué que l'horloge de l'ordinateur tourne à une certaine vitesse. Baisser le volume signifie ajuster un nombre d'une certaine valeur. Et quand cette valeur passe sous une barre définie par l'horloge de l'ordinateur, elle devient "sous-normale". Modifier des valeurs sous-normales demande un calcul exponentiel du CPU pour l'ajuster. Dans les CPU récents, il y a des instructions spécifiques pour éviter aux valeurs sous-normales d'apparaitre, mais dans les ordinateurs plus anciens, baisser le volume trop bas pouvait même faire planter le PC.
L'article est ici (il fait un peu peur) : https://charm.cs.illinois.edu/newPapers/05-12/paper.pdf et si le sujet vous intéresse, une vidéo YouTube explicative (en anglais) :
https://www.youtube.com/watch?v=y-NOz94ZEOA
Une analyse lexicométrique de 12 996 articles des journaux français de 2005 à 2022 indique que les sujets portant sur les non-travailleurs représentent 0.03% des articles. La majorité des articles portent sur des politiques d'activation (autrement dit, on transforme des non-travailleurs en demandeurs d'emploi) qui se focalisent exclusivement sur l'individualisation des causes du fait de ne pas travailler. Cela se fait principalement par :
la discussion des statistiques et des données économiques
les débats sur les raisons du “choix” de ne pas travailler (erk)
l'implémentation de politiques contre le fait de ne pas travailler
le soutien local et organisationnel
des anecdotes personnelles
les actions collectives des personnes sans emploi
Seul le cadre des récits personnels est corrélé au taux de chômage, ce qui suggère une humanisation accrue pendant les crises économiques. Lorsqu'ils sont représentés, les chômeurs sont dépeints comme des hommes pauvres persévérants et volontaires, qui ont besoin d'être guidés et soutenus, et qui adhèrent à une norme sociale forte consistant à travailler et à assumer la responsabilité personnelle de leur situation.
> La figure 4 est très intéressante : l'AFP produit principalement des articles sur les statistiques. Le Figaro et Le Monde reprennent largement ces statistiques et beaucoup de débat politiques. Libération propose plus d'histoires personnelles tandis que Ouest France produit principalement des articles sur le soutien local et organisationnel.
Préenregistrement : Oui
Données ouvertes : Ce sont les données Europresse
Marie, C., & Bourguignon, D. (2025). What the Press Reveals About ‘The Unemployed’: A Lexicometric Analysis of 12,996 Articles From French Written Newspapers From 2005 to 2022. European Journal of Social Psychology. https://doi.org/10.1002/ejsp.70004
Des chercheurs ont séparé 77 participants autistes et 66 participants non autistes en quatre types de groupes, leur demandant de réaliser un jenga (une tour en blocs de bois la plus haute possible). Le premier type de groupe était composé uniquement d'autistes, un second type avec uniquement des personnes non-autistes, le troisième majoritairement autiste et le quatrième majoritairement non autiste.
À la fin de l'exercice, chaque participant a noté sur 100 l'agréabilité du groupe, la facilité de la tâche, à quel point ils se sont sentis réussir, à quel point ils ont trouvé le groupe amical et gênant.
Le type de groupe ayant été le plus positif est celui composé d'autistes uniquement, suivi de celui composé de non-autistes uniquement. Les groupes mixtes étaient jugés par leurs membres comme moins agréables, et amicaux, peu importe qui était la majorité.
Au niveau individuel, les participants autistes ont exprimé plus d'aisance et de plaisir lorsqu'ils interagissent avec d'autres adultes autistes par rapport aux adultes non autistes, et leur relation a diminué à mesure que davantage de participants non autistes étaient inclus dans le groupe. En revanche, le rapport pour les participants non autistes est resté relativement constant quelle que soit la composition du groupe. Dans l'ensemble, les résultats ne sont pas cohérents avec un modèle de déficit social de l'autisme, car les adultes autistes ont souvent établi des relations avec leurs partenaires dans un cadre de groupe. Leur niveau de relation, cependant, dépendait fortement du contexte social, en particulier de la présence d'autres personnes autistes dans le groupe.
Préenregistrement : Non
Données ouvertes : Non
>Résultats intéressants malgré le manque de préenregistrement et de données ouvertes : les personnes autistes ont un déficit social si on place comme référence les groupes de personnes non-autistes. Mais ce déficit disparaît lorsque les personnes autistes sont ensemble (et de ce fait, les personnes non-autistes ont un déficit social dans des groupes majoritairement composés de personnes autistes). Cela est assez similaires aux arguments posés dans le livre Neurotribus sur l’idée de penser l’autisme comme un type particulier d’être humain et non un déficit.
Foster, S. J., Ackerman, R. A., Wilks, C. E., Dodd, M., Calderon, R., Ropar, D., Fletcher-Watson, S., Crompton, C. J., & Sasson, N. J. (2025). Rapport in same and mixed neurotype groups of autistic and non-autistic adults. Autism, 29(7), 1700-1710. https://doi.org/10.1177/13623613251320444
Il semblerait que depuis quelques années, l’extrême pauvreté ne diminue plus, voire progresse légèrement notamment en afrique sub-saharienne. Plus d’informations : https://ourworldindata.org/end-progress-extreme-poverty
En 2009, John Hattie a fait une meta-meta-analyse, visible learning, qui a résumé 800 méta-analyses à travers 138 influences possibles sur les résultats scolaires. Toutes les influences ont été recodées en métriques standard (d de cohen) et classé selon leur taille d'effet. En 2021, une version mise à jour amène à 322 influences et 2400 méta-analyses.
Ce classement est désormais utilisé dans plus de 23 pays à travers le monde et l'ouvrage original a été cité plus de 22 000 fois sur Google Scholar, ce qui signifie que l'impact de ce travail ne peut être sous-estimé.
Dès 2009, de nombreux chercheurs ont remarqué que la méthode d'Hattie ne correspondait pas aux standards scientifiques. faire des moyennes de tailles d'effet de méta-analyses différentes, dans des contextes différents, et des temporalités différentes, n'a aucun sens (Arnold, 2011; Knudsen, 2017; McKnight & Withburn, 2020; Nielsen & Klitmøller, 2021; Simpson, 2017; Slavin, 2018; Snook et al., 2009). Certains ont même été jusqu'à qualifier ce travail de pseudo-science (Bergeron, 2017). Si vous le trouvez un peu dur, sachez que ce n'est rien par rapport à ce que vous allez découvrir dans quelques instants.
Le livre a été publié en 2009 et c'est un livre, il n'y a pas eu de peer-reviewing. Depuis, il n'y a eu que quelques tentatives éparses de critiques des études incluses.
Par exemple, Nielsen et Klintmøller (2021) ont étudié des méta-analyses liées à la couverture de Hattie sur l'influence de la « rétroaction » et ont découvert qu'il n'était pas clair si elles utilisaient un terme de rétroaction identique à la description de Hattie dans Visible Learning - deux des cinq méta-analyses ne mentionnaient même pas la rétroaction.
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