Des antidépresseurs contre la douleur chronique ?
On ignore si les antidépresseurs sont utiles pour la douleur chronique — exceptée la duloxétine qui semble avoir une efficacité moyenne. C'est le résultat d’une étude Cochrane qui indique que pour tous les autres antidépresseurs, il n'y a pas suffisamment d'études pour émettre des conclusions.
Source: https://www.cochrane.org/CD014682/SYMPT_how-effective-are-antidepressants-used-treat-chronic-pain-and-do-they-cause-unwanted-effects
C’est pas le nombre qui fait la rigueur
Pas moins de 11 chercheurs ont coécrits un article sur l'effet de la Zuranolone pour traiter la dépression sévère de l'adulte. Cette étude est un “essai randomisé contrôlé contre placebo”.
Parmi les 266 patients testés (268 dans le groupe contrôle), 60 % ont ressenti des effets secondaires importants. Deux fois plus de patients ont arrêté l'expérience avec le médicament que ceux dans le groupe placebo. Ils indiquent que c’est majoritairement à cause des effets secondaires du médicament.
Cependant, les chercheurs indiquent en conclusion : "le médicament constitue une nouvelle thérapie prometteuse pour le traitement de la dépression majeure chez l'adulte." Et ben tiens. https://ajp.psychiatryonline.org/doi/10.1176/appi.ajp.20220459
Les coûts cachés de l'alimentation
Par coût caché, on désigne les coûts environnementaux, ou les coûts sur la santé, qui ne se reflètent pas dans le prix lorsque l'on achète sa nourriture. Par exemple, la charcuterie étant une cause de déforestation et de cancer, on peut mesurer le "prix" du cancer et de la perte d'arbres sur la biodiversité pour avoir une base monétaire pour comparer.
Au total, le coût caché de l'alimentation est de 14 000 milliards de dollars. Les coûts cachés de l'alimentation représentent donc un cinquième des richesses que la terre produit. Ces coûts concernent la santé humaine pour 60% et l'environnement pour 40%. En fait, à chaque fois qu'on achète pour 1$ d'aliment, le coût réel de l'aliment est de 2$94.
Mais vous vous en doutez, ce n'est pas du tout le même coût pour chaque aliment. 70% de ces coûts cachés proviennent des produits d'origine animale, et 51% seulement pour la viande (10% fromage et oeuf, 10% produit de la mer).
Si on imagine un monde dans lequel on ne mangerait plus de viande, alors on diminuerait de moitié les coûts cachés — ce qui ferait une économie de 7 000 milliards de dollars par an. Si on enlève juste la viande rouge et qu'on garde tout le reste, on économiserait 4 000 milliards et en plus, on répondrait à l'objectif carbone lié à l'alimentation.
Alors, on parle de coûts cachés et d'argent, mais il faut aussi penser que ça se traduit par le faire de sauver des vies, humaines et animales, en changeant juste de manière de manger.
Source: Lucas, E., Guo, M. & Guillén-Gosálbez, G. Low-carbon diets can reduce global ecological and health costs. Nat Food 4, 394–406 (2023). https://doi.org/10.1038/s43016-023-00749-2
Parce qu’on vient de loin
Le 18 mai 2023, un article est paru qui se résumait succinctement par : finalement, on ne vient pas tous d'une région centrale d'Afrique, mais d'un peu partout en Afrique. Cette conclusion provient, selon les auteurs, d’un manque à la fois de preuves (il y a très peu de fossiles très anciens) et des difficultés à dater les fossiles. Les chercheurs précédents ayant créé des modèles très précis à partir de preuves faibles, les auteurs de cette étude proposent de produire des modèles moins précis mais plus en accords avec les preuves que l’on possède réellement, à savoir que les traits de l’humain actuel se retrouvent chez plein d’hominidés en Afrique entre -300 000 et - 100 000 avant cette newsletter. Il ne faut donc pas chercher d’origine unique à l’humanité.
Source: Ragsdale, A.P., Weaver, T.D., Atkinson, E.G. et al. A weakly structured stem for human origins in Africa. Nature 617, 755–763 (2023). https://doi.org/10.1038/s41586-023-06055-y
J’ai chaud, et alors ?
Si vous pensez que les répercussions du changement climatique vont amener plus de personnes à être pro-environnement, j'ai quelques mauvaises nouvelles.
Premièrement, nous sommes tous plus ou moins touchés par le réchauffement climatique, et sommes abreuvés d'informations nous expliquant que les scientifiques sont (presque) tous d'accord pour dire qu'il faut changer nos comportements. Pourtant, il y a de moins en moins de personnes qui indiquent croire que le changement climatique est d'origine humaine. En 2018, il y avait 30 % de climatosceptiques dans le monde, il y en a 36 % en 2023.
C’est en Europe qu’on s’en tampone le plus le coquillard du changement climatique…
Qu’en même temps on sait qu’on va devoir accueillir des migrants à cause du changement climatique …
Et Qu’en même temps on en veut pas.
Les personnes veulent de moins en moins changer leur mode de vie, et de plus en plus espèrent une intervention du dieu magique de la technologie.
4 citoyens sur 10 déclarent systématiquement privilégier les fruits et légumes de saison... mais seuls 2 sur 10 déclarent limiter systématiquement leur consommation de viande. Alors que l’impact climatique de la consommation de viande est largement plus importante que celle des fruits de saison (qui n’a presque aucun intérêt).
En bref, Le changement climatique ne renforce pas les attitudes pro-environnement, mais le déni climatique, et encore plus l’inaction climatique. De plus, il n'y a aucune indication que les plus jeunes sont plus concernés que les ainés.
Pour l'anecdote, en 2023 et en 2024 l'Espagne a vécu les pires printemps de son histoire, avec une majorité de leur culture brulée par la chaleur de Mai. Cela a amené des personnes à menacer de mort les météorologues pour désinformation sur ... la météo (Meteorologists targeted in climate misinfo surge (france24.com)).
Source des graphiques: https://www.edf.fr/groupe-edf/observatoire-international-climat-et-opinions-publiques
ChatGPflingué
Pendant qu'on souhaite savoir quel superpouvoir les intelligences artificielles vont nous donner, quelques scientifiques rappellent une évidence simple : l'intelligence artificielle a encore et toujours pour objectif de précariser les emplois. Comme nous le rappelle Lucie Ronfaut dans sa newsletter (https://mailchi.mp/numerama/pas-besoin-d-apocalypse-pour-critiquer-l-ia?e=adb42f6f86)
L'intelligence artificielle n'a pas besoin d'un futur dystopique pour poser des problèmes déjà très concrets et actuels. Depuis des années, chercheurs, chercheuses, militant·es et autres expert·es alertent sur la précarisation du travail salarié au profit de l'automatisation, l'exploitation des travailleurs et des travailleuses du clic, la désinformation qui vise d'abord les personnes minorisées, les algorithmes qui reproduisent et renforcent les inégalités, le besoin de transparence face à des outils qui remplacent petit à petit des services publics, pourtant aux mains de sociétés privées.
Un futur RA-DI-EUX.
TCHOUTCHOU
Le bruit a un coût pour la société. Dans une étude publiée l’année dernière, les chercheurs ont tenté d’estimer ce coût en l’attribuant à trois familles de sources de bruit : le transport, le voisinage et le milieu du travail, auxquelles s’ajoutent les dépenses de surveillance, d’information, d’études et recherche sur le bruit.
Pour chacune de ces familles ont été distinguées :
Les effets sanitaires induits par le bruit : gêne, perturbations du sommeil, maladies cardiovasculaires, obésité, diabète, troubles de la santé mentale, difficultés d’apprentissage, médication, hospitalisation, maladies et accidents professionnels.
Les effets non sanitaires induits par le bruit : pertes de productivité et dépréciation immobilière.
Le coût social du bruit en France est ainsi estimé à 147,1 milliards d’euros par an, sur la base des données et des connaissances disponibles.
66,5% de ce coût social, soit 97,8 Md€/an, correspond au bruit des transports, principalement le bruit routier qui représente 54,8% du coût total, suivi du bruit ferroviaire (7,6%) et du bruit aérien (4,1%).
Le coût social lié au bruit de voisinage, pour lequel il existe très peu de données chiffrées, est évalué à 26,3 Md€/an (17,9% du coût total) ; il se décompose en bruit émis par les particuliers (12,1%), bruit des chantiers (3,6%) et bruit généré dans l’environnement par les activités professionnelles (2,2%).
En comparaison, la pollution de l'air ne coûte "que" 101 milliards d'euros. Le bruit est donc beaucoup plus dangereux et coûteux que l’air pollué.
https://presse.ademe.fr/2021/07/147-milliards-deuros-cest-le-cout-social-du-bruit-en-france-par-an.html
L’image qui fait réfléchir
Traduction : nous pouvons gagner beaucoup de temps pour accéder à votre inconscient si vous me laissez jeter un œil à vos publicités ciblées.
Veille en psychologie clinique
Dans cette partie, je vous propose deux critiques détaillées d’articles scientifiques spécifiques de la psychologie clinique. Aujourd’hui, le premier article porte sur le lien entre dépression et utilisation de nourriture émotionnelle chez les adolescents, le second porte sur la comparaison des thérapies dans le traitement des deuils compliqués.
Dépression et nourriture émotionnelle chez les adolescents
Une méta-analyse de 36 études indique un lien faible, mais existant entre la dépression chez l'enfant/adolescent et l'utilisation de nourriture émotionnelle, et ce, peu importe l'IMC de l'enfant (bien que peu d'études rapportent l'IMC).
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