Mais où est passée la spasmophilie ? - Tremble, la terreur - Des données biométriques pas si fiables - Être incapable de se remettre en question - La supersimplification des taxes


C’est la question que se pose Stéphane Korsia-Meffre dans le Vidal. La spasmophilie ressemble à ce qu’on appellerait aujourd’hui une crise d’angoisse.
La question est importante, car on estimait que près d’une femme sur 10 souffrait de spasmophilie dans les années 70 à 90… avant que le trouble ne disparaisse complètement.
Comme souvent avec les troubles à la mode, les symptômes sont multiples et très différents d’une personne à l’autre (aujourd’hui, on a les exemples de la perversion narcissique ou de l’hypersensibilité), des multiples causes (manque de vitamine, génétique, microbiote, neuronal, virus…), et finalement, très peu de preuves tangibles que ce trouble en est bien un.
Ce que nous explique l’article, c’est que la majorité des personnes souffrant de « spasmophilie » se font maintenant diagnostiquer un trouble anxieux, une partie est diagnostiquée par la « fibromyalgie », un autre trouble avec de multiples symptômes et des causes mal connues, qui n’améliore pas vraiment le diagnostic.
La conclusion de Stéphane est la suivante : « Se souvenir de la spasmophilie aujourd’hui est une opportunité de prendre du recul sur la façon dont la médecine et la société réagissent lorsqu’un nombre significatif d'individus signalent une nouvelle entité clinique polymorphe, médicalement inexplicable, difficile à diagnostiquer et à traiter, en particulier lorsque ces personnes appartiennent à une population potentiellement stigmatisée (femmes, personnes obèses, homosexuels, toxicomanes, personnes issues de l’immigration, etc.). »
Mais où est passée la spasmophilie ? (vidal.fr)
La théorie de la gestion de la terreur postule que lorsque les gens sont informés de leur propre mort, ils sont plus susceptibles d'approuver certaines valeurs culturelles. C’est une des théories centrales de la psychologie sociale avec de très nombreux articles et références. Les chercheurs travaillant sur la théorie de la gestion de la terreur affirment qu'il peut expliquer en partie les conflits culturels, les rivalités entre groupes sociaux et même la guerre.
Bien évidemment, avec les concepts célèbres en psychologie sociale, on ne connait pas l’importance de l’effet, et il n’existe que peu de réplications, aucune n’étant préenregistrée.
En 2022, un article indiquait que ce lien entre gestion de la terreur et valeur culturelle n’existait finalement pas, à travers une étude multilaboratoire.
Dans cette nouvelle étude, 22 laboratoires de 11 pays (3 447 participants) ont tenté de reproduire l'étude 3 de Trafimow et Hughes (2012), une étude majeure de la théorie de la terreur, testant également le rôle des effets de délai dans le temps. C'est-à-dire que l’étude cherche à comprendre à partir de combien de temps après qu’on ait rappelé les gens de leurs morts, on observe une modification de leurs valeurs culturelles.
Cette étude n’a pas réussi à reproduire les résultats de Trafimow et Hughes (2012) : les chercheurs ont réussi à reproduire les effets de la saillance de la mort et ont montré que contrairement à la majorité des études sur la gestion de la terreur, l’effet est plus fort lorsque lorsqu'il n'y a pas de délai entre l'amorçage et la mesure du résultat.
Ainsi, il est possible de faire changer les perceptions des individus associés à leur mort, mais cette perception ne change probablement rien à leurs valeurs culturelles.
Rife, S. C., Lambert, Q. S., Calin-Jageman, R., Adamkovic, M., Baník, G., Barberia, I., Beaudry, J. L., Bernauer, H., Calvillo, D. P., Chopik, W. J., David, L., de Beijer, I., Evans, T. R., Hartanto, A., Kačmár, P., Legate, N., Martončik, M., Massar, K., Moreau, D., … Wiggins, B. J. (2025). Registered Replication Report: Study 3 from Trafimow and Hughes (2012). Center for Open Science. https://doi.org/10.31234/osf.io/esu9z_v3
Les échelles autorapportées sont les échelles que le participant remplit lui-même.
Un argument contre des échelles autorapportées est que les humains ne sont pas très bons pour savoir ce qu’ils ressentent vraiment. Certains chercheurs ont proposé d’utiliser des données physiologiques à la place.
781 étudiants ont utilisé une montre Garmin mesurant le stress, la fatigue et la qualité de sommeil pendant trois mois, durant lesquels ils devaient quotidiennement noter leur niveau de stress, fatigue et qualité de sommeil.
Les résultats indiquent qu’il y a bien une relation entre les données rapportées par les participants et les données de la montre pour la qualité de sommeil, et aussi, bien que moins importante, pour la fatigue. Pour la qualité de sommeil, 1 point de plus sur l’échelle en 7 points était associée environ à 20 minutes de dodo en plus selon la montre.
Par contre, concernant le stress, les montres ont fait n’importe quoi. Les chercheurs ont tenté d’expliquer pourquoi et leurs suppositions sont que 1) les montres notent l’augmentation du rythme cardiaque comme stress alors que ce n’est pas forcément le cas, 2) il n’est pas sûr que le stress psychologique soit en lui-même vraiment associé au stress physiologique, 3) peut-être que la manière de mesurer le stress par la montre est mauvaise, ou peut-être que l’échelle autorapportée est mauvaise aussi.
En tout cas, les auteurs déconseillent fortement l’utilisation des montres connectées pour mesurer le stress psychologiques sans rigoureusement tester sa validité.
Siepe, B. S., Tutunji, R., Rieble, C., Proppert, R. K. K., & Fried, E. I. (2024, July 3). Associations between ecological momentary assessment and passive sensor data in a large student sample. https://doi.org/10.31234/osf.io/ybns6
En 2005, Frederik pose le problème suivant :
Une batte et une balle coûtent 1,10 $ au total.
La batte coûte 1,00 $ de plus que la balle.
Combien coûte la balle ? ____ centimes
Intuitivement, nous avons envie de répondre 10 centimes, alors que la bonne réponse est 5 centimes (si la balle coûte 5 centimes, la batte coûte 1 dollar et 5 centimes).
À travers une collection de 59 études sur 72 000 participants, les chercheurs de l’étude se sont interrogés sur les raisons de se tromper et surtout, des manières qu’ont les individus de se questionner sur pourquoi leur intuition les trompent.
Les chercheurs se sont rendu compte qu’une large partie des répondants, face à l’erreur de leur intuition, refusent de croire qu’ils se sont trompés.
Les chercheurs de conclure :
Lorsque nous avons commencé à étudier le problème de la batte et de la balle, nous avons supposé que les répondants avait mal répondu parce qu'ils n'avaient pas pris la peine de vérifier l’exactitude de leur réponse. En conséquence, nous avons supposé qu'ils seraient capables de le résoudre si nous dirigions leur attention sur les caractéristiques du problème qui le différencient du problème que nous pensions qu'ils résolvaient involontairement à la place (batte + balle au lieu de batte ET balle) ou sur la contrainte que la réponse typique viole (que les prix diffèrent de 10 centimes).
Nous avons en réalité découvert que de nombreux répondants maintiennent la réponse erronée face à des faits qui la falsifient clairement, même après que leur attention a été dirigée sur ces faits. […] la remarquable durabilité de cette erreur brosse un tableau pessimiste du raisonnement humain que nous n'étions initialement pas enclins à l'accepter ; ceux dont les pensées nécessitent le plus de délibération supplémentaire bénéficient peu de toute délibération supplémentaire qui peut être induite.
En somme, beaucoup de personnes (la majorité des sondés dans les études avec le plus de participants) préfèrent croire leur intuition que les explications mathématiques, même après leur avoir expliqué pourquoi leur choix était erroné.
En France, la fiscalité propose 3 régimes pour les indépendants : standard, simplifié et super simplifié (en français, une société, une entreprise individuelle ou une microentreprise). Les régimes qui augmentent la simplicité, ont réduit les exigences en matière de communication et les charges administratives. Mais pour en profiter, le revenu d'un travailleur indépendant doit être inférieur à un seuil. En utilisant les données de panel des déclarations d'impôt sur le revenu de l'ensemble des contribuables français, les chercheurs ont étudié ce qui se passe autour de ces seuils dans le temps et ont créé un modèle intégrant la complexité fiscale et l'évasion fiscale.
Ils constatent que de nombreux contribuables choisissent de rester juste en deçà du seuil d'admissibilité aux régimes simplifiés.
La raison ? Ce n’est pas seulement pour plus de simplicité : la facilité de l'évasion fiscale joue un rôle important. Il y a de fortes augmentations de comportements pouvant provenir de fausses déclarations et de l'évasion fiscale juste en dessous des seuils d'éligibilité.
En voici quelques exemples : les particuliers déclarent une croissance plus faible de leur revenu d'une année à l'autre à mesure qu'ils s'approchent du seuil d'admissibilité. Ils transfèrent une partie de leurs revenus dans la déclaration du revenus de leur partenaire : on voit que le revenu de travail indépendant du partenaire A augmente soudainement lorsque le partenaire B s'approche du seuil.
On observe ici une énorme augmentation de la barre bleue juste en dessous de 0 (qui correspond au maximum de la tranche fiscale).
Les employeurs en profitent également par le biais de l’ « emploi caché » : ils sous-traitent le travail à ceux qui devraient être des employés réguliers, qui prétendent être des travailleurs indépendants et bénéficient ainsi de règles fiscales plus simples et d'une application plus faible. Les gains (des employés) augmentent fortement au seuil.
Même idée ici : on observe une probabilité bien plus importante d’emploi caché juste en dessous du seuil
En conclusion, bien que des régimes fiscaux plus simples réduisent les charges administratives et les difficultés des travailleurs indépendants, ils peuvent également offrir plus de possibilités de faire de l'évasion fiscale.
Graphique montrant une corrélation très forte : plus, dans le pays, l’homme s’implique à la maison, plus le nombre d’enfants par femme est important.
L’article commence par rappeler que la kétamine est un marché de 3 milliards de dollars aux USA, en 2022. Mais, au-delà de la kétamine, de nombreuses autres molécules ont été autorisées au test par des entreprises pharmaceutiques, comme la MDMA, ou la psylocybine.
Cependant, les organismes chargés d’autoriser les entreprises pharmaceutiques de commercialiser les drogues sont parfois en contradiction avec ceux qui évaluent les preuves scientifiques autour de l’efficacité de ces drogues. L’administration des biens thérapeutiques d’Australie conclus que les preuves d’efficacité de ces drogues sont faibles à inexistantes, alors qu’il a accepté d’autoriser la MDMA et la psilocybine à titre expérimental.
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