Comment faire bouger les politiques climatiques ?
Dans une étude portant sur des participants de 60 pays (N = 51 224), les chercheurs ont testé l’impact de l’idéologie politique sur le soutien à onze interventions climatiques.
Lorsque l’on demande à quel point les personnes croient qu’il est important de soutenir les politiques de lutte contre le changement politique, les « libéraux » sont largement plus en faveur d’un soutien à ce type de politique que les « conservateurs ». Je mets des guillemets parce que ces termes restent assez flous.
Les chercheurs ont ensuite demandé aux participants de s’engager dans une tâche comportementale de plantation d'arbres, et, à ce moment, il n’y avait plus de différences entre les orientations politiques. En effet, les personnes disant être conservatrices agissent en faveur de l’environnement malgré leur manque de croyance que cela soit bénéfique pour l’environnement.
Enfin, les chercheurs ont testé trois types de « techniques » (mettre l'accent sur des actions collectives efficaces, l'écriture d'une lettre à un membre de la génération future et l'écriture d'une lettre à un soi futur) pour renforcer les croyances climatiques et le soutien politique et ont remarqué qu’elles semblent plutôt efficaces pour tous les participants. Pour l’action climatique, une intervention (mettre l'accent sur le consensus scientifique) la stimule, mais seulement pour les personnes s'identifiant comme libérales.
Aucune des interventions testées ne montre de preuve d'une augmentation de l'action climatique pour les conservateurs. Il semble que les conservateurs ne souhaitent pas s’engager pour le climat, peu importe la raison, alors qu’ils s’engagent quand même. Cela montre la relation complexe entre idéologie politiques, croyances sur le climat, et action climatique.
Berkebile-Weinberg, M., Goldwert, D., Doell, K.C. et al. The differential impact of climate interventions along the political divide in 60 countries. Nat Commun 15, 3885 (2024). https://doi.org/10.1038/s41467-024-48112-8
Lutter contre l’obstruction climatique
En psychologie sociale, l’essentiel de la littérature sur le climat repose sur la lutte contre l’inaction climatique et le climato-scepticisme. Presque rien n’a été publié sur l’obstruction climatique : le freinage ou le blocage de politiques climatiques conformes au consensus scientifique actuel sur ce qui est nécessaire pour éviter une perturbation dangereuse du système climatique. Ces stratégies d’obstruction se reposent sur du lobbying intensif au niveau politique et des stratégies marketing agressives dans les médias. Les messages véhiculés portent, par exemple, sur la nécessité de recourir aux énergies fossiles, les coûts extrêmement élevés de la transition énergétique, l’attente d’une meilleure solution, le nationalisme (les vaches polluent mais le fromage est une tradition française qu’il faut absolument conserver), la promotion du gaz comme énergie verte, le discours selon lequel la lutte contre le changement climatique est une idéologie politique extrême, que le greenwashing est suffisant, que le consensus scientifique n’est pas si clair, ou que les approches de régulation politiques ne sont pas efficaces, que les objectifs sont trop ambitieux et qu’il faut les réduire.
Un groupe de chercheurs ont produit un livre ambitieux sur l’obstruction climatique d’où provient également le graphique suivant sur les liens économiques et d’influence de l’obstruction climatique :
Le livre et les informations (en anglais) sont disponibles sur https://caad.info/climate-obstruction/
Si vous n’avez pas le courage de lire un livre entier, le résumé (en anglais quand même, on ne vous épargnera rien) est ici : 2024 04 Climate Obstruction Across Europe Brief (caad.info).
Un problème avec les comportements problématiques d’autisme.
Des chercheurs se sont intéressés aux études de cas unique (on étudie une personne autiste) ou de groupe versus groupe contrôle après de jeunes autistes. Au total, ils ont examiné les caractéristiques de 48 études portant sur 273 participants qui mesuraient au moins un « comportement problématique » lié à l’autisme.
L’objectif principal était de déterminer comment les comportements problématiques étaient définis et sélectionnés, comment les chercheurs tentaient de les réduire et comment les interventions étaient conçues.
Sur les 48 études, 38% ont correctement défini ce qu’était le comportement problématique et 88 % des études ont mis en œuvre des stratégies comportementales claires pour réduire les comportements problématiques.
Les comportements à faible potentiel de préjudice constituaient la majorité des 67 variables de résultat (61 %), tandis que les comportements à fort potentiel de préjudice étaient minoritaires (39 %). La cible d'intervention la plus courante était les comportements stéréotypés.
Moins de la moitié des études ont expliquées pourquoi elles ont sélectionné les comportements cibles qu’elles ont sélectionnées, rapportées des procédures pour déterminer la fonction comportementale (pourquoi ce comportement est problématique) ou ont attribuées des fonctions aux comportements (pourquoi ce comportement est utile à l’individu).
Enfin, les caractéristiques démographiques des participants (par exemple, la race/l'origine ethnique) sont rarement signalées dans les études.
Les chercheurs concluent donc que les comportements dans la recherche sur les interventions comportementales sur l’autisme sont majoritairement mal définis et conceptualisés.
Source : Bottema-Beutel, K., McKinnon, R., Mohiuddin, S., LaPoint, S. C., & Kim, S. Y. (2024). Problems with “problem behavior”: A secondary systematic review of intervention research on transition-age autistic youth. In Autism (Vol. 28, Issue 8, pp. 1872–1888). SAGE Publications. https://doi.org/10.1177/13623613241229159
Quand des individus parlent en groupe, qu’est-ce qui est le plus important pour la délibération ?
En comparant la position dans la prise de parole, l’homogénéité du groupe, et la consensualité de la thématique utilisée, les chercheurs en concluent que l’effet qui modifie le plus les conclusions d’une délibération est la place de la personne dans la prise de parole.
La personne qui parle en premier a un poids beaucoup plus important dans la modification du débat que toutes les autres caractéristiques du groupe qui débat. En ce sens, on peut y voir un effet d’ancrage : la première personne à parler va ancrer le discours pour les personnes qui vont parler ensuite.
Si vous voulez marquer les esprits, parlez donc en premier !
Source : Braun, S.T., Rad, S.R. & Roy, O. Anchoring as a Structural Bias of Deliberation. Erkenn (2024). https://doi.org/10.1007/s10670-024-00814-7
L’âge relatif du TDAH, vraiment ?
Une méta-analyse s’est intéressée au diagnostic du TDAH selon l’âge de l’enfant dans sa classe. Au total, les chercheurs ont trouvé 31 études.
Les résultats indiquent assez clairement que les enfants les plus jeunes d’une classe sont largement plus à risque d’être diagnostiqué TDAH que les plus vieux, en particulier quand la demande provient des instituteurs que des parents.
Presque toutes les études ont un “risk ratio” supérieur à 1. L’effet méta-analytique, le petit losange en base à droite, est à 1.28 ce qui indique un effet moyen mais il est tout petit : on est relativement sûr de l’effet.
A mettre en lien avec le surdiagnostic et sous-diagnostic du TDAH : une partie du surdiagnostic du TDAH chez les enfants peut être attribuable à l’incapacité des instituteurs de distinguer le TDAH d’une immaturité liée à l’âge de l’enfant.
Les auteurs indiquent que 51% des études inclues étaient à faible risque de biais. Néanmoins, le fait qu’elles aillent tous dans le même sens augmente la crédibilité du résultat.
Frisira, E., Holland, J. & Sayal, K. Systematic review and meta-analysis: relative age in attention-deficit/ hyperactivity disorder and autism spectrum disorder. Eur Child Adolesc Psychiatry (2024). https://doi.org/10.1007/s00787-024-02459-x
L’image qui fait réfléchir
En lien avec la thématique climatique du jour : “nous allons entrer dans l’histoire comme étant la première société qui ne voulait pas se sauver elle-même, car se sauver n’était pas rentable”
La partie pour les abonnés
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