Psycho Papers #54 - Les meilleurs titres

RAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA - BZZ BZZ - Moi, moi, moi - Bip bip boum bop - Pour votre santé mentale, ne faites pas de thèse (tout lien avec les titres d’avant serait fortuit)

Psycho Papers
5 min ⋅ 26/03/2025

RAHAHAHAHAHAHAHAHAHAHA

L’impulsivité est-elle un trait de personnalité ? Oui, selon tatie Josiane qui s’est encore trouvé un mec chelou sur Tinder. Mais cette question est de plus en plus débattue par les chercheurs en psychologie différentielle. Début 2024, Huang et ses collègues ont produit une série d’analyses indiquant que l’impulsivité était un trait stable, mesurable et prédicteur de comportements. Sauf qu’un commentaire critique l’article, notamment en indiquant que l’analyse statistique utilisée, un modèle bifactoriel, n’est pas correcte, car elle augmente drastiquement l’ajustement des données au modèle1. Il se trouve qu’en plus, les auteurs ont indiqué que les résultats d’ajustement étaient bons, alors qu’ils sont plus élevés que les standards de la littérature. Donc, si déjà tu utilises un modèle qui augmente ton ajustement et qu’en plus tu dis que le modèle est plus ajusté qu’il ne l’est réellement, ce n'est pas très rigoureux.

Les chercheurs du commentaire ont également testé un modèle en réseau, permettant de tester si les questions de l’échelle d’impulsivité rendent compte d’un « trait » d’impulsivité, ou sont en réalité des facteurs qui augmentent l’impulsivité, tout en étant distincts les uns des autres. Le modèle en réseau soutient très largement la seconde hypothèse : l’impulsivité serait surtout une corrélation entre plusieurs sous-traits et ne serait pas un trait en lui-même. Les auteurs de conclure :
« L’impulsivité ne satisfait pas les prérequis basiques d’un construit psychologique et doit être rejetée en tant que telle. »

1L’ajustement du modèle mesure à quel point la droite suit les points sur un graphique. S’il est trop sous-ajusté, alors la droite ne suit pas du tout les points et ne prend pas en compte la variation entre les points. S’ils est trop ajusté, il soit parfaitement les points et on ne peut rien généraliser à d’autres distributions de points. Généralement, le sur-ajustement (comme ici) est beaucoup plus problématique que le sous-ajustement car il ne permet pas d’en tirer de conclusions théoriques généralisables à d’autres expérimentations, et, si on en tire, elles seront fausses.

Adieu, donc, l’impulsivité.

Zavlis, O., & Fried, E. I. (2024, July 12). No evidence for a psychological trait of impulsivity. https://doi.org/10.31234/osf.io/m2xdj


BZZ BZZ

Une étude pilote sur 50 personnes atteintes de dépression s’est intéressée au lien entre maltraitance infantile et réponse à la thérapie d’électroconvulsivothérapie.

 Sur ces 50 participants, seulement 10 ont rapporté avoir vécu des abus sexuels durant leur enfance, donc on est sûr de l’étude pilote de chez pilote hein.

Les résultats sont les suivants :

En ordonné se trouvent les résultats prédits au score de l’échelle de dépression à la fin du traitement. On observe que le score prédit est plus élevé pour les participants ayant vécu une enfance avec abus sexuel, signifiant qu’avoir vécu un abus sexuel dans l’enfance « réduit » l’efficacité de la thérapie d’électroconvulsivothérapie dans la dépression.

À noter que les chercheurs n’ont pas mesuré la différence de score avant/après la thérapie pour chaque participant, mais ont comparé la moyenne des groupes à la fin de la thérapie, ce qui réduit largement la précision des résultats (en plus du problème d’avoir un échantillon extrêmement faible).

Thompson, S., Finnegan, M., Galligan, T., Jelovac, A., & McLoughlin, D. M. (2024). Childhood trauma and response to electroconvulsive therapy for depression: A pilot study. In Brain Stimulation (Vol. 17, Issue 4, pp. 864–866). Elsevier BV. https://doi.org/10.1016/j.brs.2024.07.012


Moi, moi, moi

Le narcissisme décroît avec l’âge. C’est la conclusion d’une méta-analyse qui indique une diminution du narcissisme entre 8 et 77 ans. Cependant, la méta-analyse n’a pas pu mettre en évidence de mécanisme explicatif. En effet, plusieurs théories peuvent expliquer ce phénomène, en particulier la théorie de l’investissement social et la théorie de la sélectivité socioémotionnelle. La première indique que les traits de personnalité maturent grâce à l’implication dans la société, au travail et dans la vie de famille, qui augmente l’important de l’agréabilité, la conscienciosité et la stabilité émotionnelle au cours de la vie, et réduit le narcissisme. La seconde est une théorie compétitive : le narcissisme pousse à augmenter son statut social, tandis qu’avec l’âge, on a moins besoin d’augmenter son status social et on préfère préserver sa stabilité émotionnelle.

Orth, U., Krauss, S., & Back, M. D. (2024). Development of narcissism across the life span: A meta-analytic review of longitudinal studies.Psychological Bulletin, 150(6), 643–665. https://doi.org/10.1037/bul0000436


Bip bip boum bop

L’empathie des machines serait-elle supérieure à celle des humains ?

Dans une série de 4 études sur plus de 500 participants, les réponses générées par une intelligence artificielle étaient notées comme plus empathiques que les réponses d’autres êtres humains. Pourquoi ? Parce que l’IA cherche plus à comprendre les humains que les humains, en demandant des détails, en faisant de la reformulation ou en disant qu’elle comprend la personne avec qui elle discute. Elle exprime aussi plus de validations du ressenti en utilisant un langage expressif. Elle n’a pas non plus de « fatigue empathique » ou de baisse de l’attention au long de l’échange. Ainsi, l’IA a de bons avantages dans les échanges empathiques.

Exemple (en anglais) de réponses de l’IA et des humains, que les participants devaient noter comme ± emphatique:

Résultat montrant que la réponse des IA était notée plus empathique (plus haut) que la réponse humaine :

Ça me rappelle le livre « against empathy » de Paul Bloom, expliquant qu’en fait, l’empathie, c’est quand même pas une compétence très bonne pour aider les autres.

Ovsyannikova, D., de Mello, V. O., & Inzlicht, M. (2024). The Kindness Machine: AI Outperforms Expert Humans in Expressing Compassion. https://doi.org/10.31234/osf.io/ru7p2


Pour votre santé mentale, ne faites pas de thèse (tout lien avec les titres d’avant serait fortuit).

Cette étude, faite en Suède sur 20 085 étudiants en thèse, montre que le nombre de prescriptions de médicaments pour la santé mentale (dépression et anxiété), augmente fortement lors des premières années de thèse par rapport à des personnes qui n’ont pas fait de thèse. Cette augmentation atteint un pic à la 5ème année après le début de la thèse (indépendamment du moment où la thèse se finit).

Il en va de même pour l’hospitalisation pour des problèmes mentaux.

Le risque est plus élevé lorsqu’on commence une thèse après 26 ans, qu’on est une femme, qu’on a des enfants au moment du début de la thèse, et qu’on a déjà un parcours de psychiatrie avant le début de la thèse.

Source : https://lucris.lub.lu.se/ws/portalfiles/portal/194583123/WP24_5.pdf


L’image qui fait réfléchir

À quel point votre ville est piétonne ? Une carte permet de montrer à quel point les services des villes sont à moins de 15 min a pied de chez soi.

La carte est disponible ici : https://whatif.sonycsl.it/15mincity/

Clermont-Ferrand est en orange, et Larnaka aussi, alors bon, ça va pour moi. Par contre à Nîmes et à Saint-Étienne c’est tout rouge, désolé pour vous.


L’astrologie, ça fonctionne ?

C’est une question prise très au sérieux par un groupe de chercheurs. Ils ont donné à 152 astrologues le maximum d’informations possibles sur une personne réelle (43 réponses) ainsi que cinq tableaux astrologiques créés spécialement avec l’aide de six astrologues.

Exemple de début de réponse d’un volontaire anonyme.

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Psycho Papers

Par Adrien Fillon

Adrien Fillon est post-doctorant au CNRS, LAPSCO à Clermont-Ferrand. Ses champs de recherche sont la psychologie sociale appliquée à l’éducation, la méta-science et la détection d’erreur.

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