Psycho Papers #27, La newsletter sur la ménopouxse

La ménopause

La ménopause ne transforme pas que le corps, elle transforme aussi le cerveau. Pendant longtemps, la ménopause était vue comme un changement hormonal, lié aux transformations des ovaires. Cependant, dès les années 60, des chercheurs ont remarqué un doublement des neurones dans l'hypothalamus chez les femmes après la ménopause. C'est ce phénomène qui explique les bouffées de chaleur, une dérégulation du centre de thermorégulation et non pas un changement hormonal comme on croît souvent.

Il existe aujourd'hui plusieurs traitements hormonaux pour réduire l'intensité de ces bouffées de chaleur, mais un nouveau médicament, le fezolinetant, qui agit sur l'hypothalamus, semble plus efficace que ces traitements pour lutter contre les bouffées de chaleur. Le médicament est toujours en phase de test, mais parait prometteur. Par ailleurs, l'augmentation des neurones dans l'hypothalamus peut aussi expliquer la corrélation entre ménopause et développement de maladies neurodégénératives (Alzheimer en particulier).

Un Cristal d'œstradiol, une forme d'œstrogène.

Bref, je ne suis pas là pour vendre un médicament. Le Take-away message est surtout que la ménopause est très mal connue par manque de financement, mais que ce n'est pas qu'un changement hormonal, c’est aussi une modification du cerveau féminin.

https://www.nature.com/articles/d41586-023-01474-3

Les femmes négligées de la santé

En parlant de manque de financement sur les recherches concernant les femmes, ce graphique de Nature fait froid dans le dos.

En orange, on retrouve les troubles qui affectent majoritairement les femmes, en bleu les hommes. La taille de la boule indique le nombre de personnes au total (homme et femme) affectés par la maladie. À gauche se retrouvent les troubles les plus financés, à droite les moins financés. C'est assez clair qu'on a presque que du bleu à gauche... et que de l’orange à droite... De plus, les troubles qui affectent le plus les femmes, trouble mental excepté (les gros ronds oranges, mal de tête et migraine) font partie des moins financés au total. Révoltant.

https://www.nature.com/immersive/d41586-023-01475-2/index.html

ChatGPT et les thérapeutes.

Les psychologues sont-ils prêts pour se faire remplacer par ChatGPT ?

En 2015, l'app Koko a été lancé et propose depuis une discussion écrite entre deux personnes pour trouver du support pour aller mieux. Mais depuis octobre 2023, Koko propose l'aide d'un assistant virtuel, qui démarre ses phrases comme ça : "Je suis juste un robot, mais voici une idée de comment je pourrais répondre". Ce robot était ChatGPT 3 (la version actuelle est la 4ᵉ).

En 2021, on estimait qu'il existait entre 10 000 et 20 000 applications mobiles de santé mentale, alors que les preuves que ces applications soient utiles sont très faibles et peu convaincantes (6.2% d'entre elles publient des données d'efficacité). Les assistants virtuels pourraient être une source d'amélioration de ces applications. Sauf qu'il y a quand même quelques problèmes.

En premier, il y a le problème de sécurité des données de santé, données sensibles qui ne devraient pas être accessibles par ces applications. Le deuxième est lié à l'impossibilité de signaler des comportements à risques. Au début de l'année (2023), un homme belge s'est suicidé après avoir parlé de son anxiété liée au climat avec un assistant virtuel appelé Eliza. Sa femme pense qu'il aurait été toujours en vie s'il ne lui avait pas parlé. On ne refait pas le monde, mais le risque est réel.

À l’inverse, les assistants virtuels pourraient être utiles dans deux domaines. En analysant le style et ton utilisé dans des discussions écrites, ils pourraient aider à rendre le message plus empathique, utile et efficace. Il servirait alors de guide ou d'instructeur à des "vrais" thérapeutes à l'écrit. En second, les assistants virtuels pourraient être utiles dans le diagnostic de troubles mentaux. Le logiciel Reach Vet de l'armée américaine est utilisé pour repérer les idées suicidaires et l'automutilation chez les vétérans de l'armée, avec une efficacité suffisante pour être financée au long cours (même si les données n'ont pas été rendues publiques). D'autres assistants sont à l'étude pour détecter d'autres troubles. Cependant, MindStrong, créé pour détecter la dépression, a été fermé cette année par manque d'efficacité.

Malgré tous les avantages potentiels de l'IA en termes d'accès aux outils de santé mentale, son application à la thérapie n'en est qu'à ses balbutiements et comporte de nombreux problèmes éthiques. GPT-3 n'était pas encore assez intelligent pour offrir des réponses et, comme l'a prévenu Kokobot, "je ne suis qu'un robot".

Reste à voir comment ChatGPT-4 changera la donne.

https://www.nature.com/articles/d41586-023-01473-4

La persuasion, laissée pour compte de la thérapie

Si la psychothérapie est un processus social entre deux personnes (passons sur la thérapie avec une intelligence artificielle), alors elle possède un pan de persuasion. Les auteurs du présent article définissent la force de persuasion du thérapeute comme "les principales compétences verbales et non verbales du thérapeute qui facilitent les attentes positives et la crédibilité du traitement". La persuasion est donc une part importante — et sous-estimée — des ingrédients actifs à considérer dans l'apprentissage à être thérapeute.

https://psycnet.apa.org/record/2021-99641-001

Thank you but no.

Aux USA, il est commun de faire des "thank you calls", des appels pour remercier les donateurs à des associations. L'idée est qu'en les remerciant, on pense qu'on va augmenter les donations par la suite. Les membres des associations comme les chercheurs pensent que c'est une technique très efficace pour augmenter les donations. Une étude à grande échelle montre qu'en fait, c'est pas le cas. Voici un graphique qui montre bien la grande différence entre ce que pensent les "experts" et les non-experts en bleu et les donations réelles en blanc et vert.

https://www.aeaweb.org/articles?id=10.1257/app.20210068&&from=f

L'aspirateur à cerveau

Une étude n'a pas réussi à répliquer l'effet selon lequel le fait de poser un téléphone à côté de soi réduit la concentration, peu importe qu'il soit allumé ou éteint.

Source : https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0001691822002323

Juste une seconde

One Sec est une application pour téléphone qui propose de mettre un pop-up du style "êtes vous sûr de vouloir ouvrir cette application" avant d'ouvrir ladite application,en particulier des réseaux sociaux.

280 participants ont utilisé One Sec pendant 6 semaines. Et ça fonctionne super bien. Dans 36% des clics sur l'application, l'utilisateur a ensuite laissé tomber. Au cours des 6 semaines, ça a réduit les chances de cliquer sur l'application de 37%. Au total, les participants ont réduit leur utilisation des réseaux sociaux de 57%.

Ils se disaient en plus, plus content d'utiliser l'application. Je m'en vais donc installer One Sec et tester ça par moi-même.

Source : https://psyarxiv.com/nwuar

La question des abonnés

Aujourd’hui, on va parler d’une demande récurrente sur Docteur Pampers : que penser des produits contre les poux, et que faire contre les poux ?

La détection : la détection des poux passent uniquement par une inspection visuelle, principalement à l’aide d’un peigne à poux. La recommandation internationale est précise : il faut passer le peigne environ 20 fois sur l’ensemble du crâne et cheveux humide pour s’assurer qu’il n’y a pas de poux (en fait de 10 à 20 fois). Et le peigne normal, trop gros, et trop rigide, est inutile.

La recommandation internationale est également de ne pas garder son enfant chez soi et de continuer à l’amener à l’école : ben oui, si l’enfant a des poux, c’est que l’infestation est déjà présente à l’école.

Concernant les traitements, il n’y a pas de recommandations internationales, car les poux sont résistants à différentes molécules en fonction du lieu et du temps. Il faut donc suivre exclusivement les traitements approuvés en France. Aujourd’hui, ce sont des produits à base de diméticone. Plus d’information ici : https://www.vidal.fr/maladies/chez-les-enfants/poux/medicaments.html. Ces produits sont à utiliser en complément du peigne anti-poux. Le jour où on ne retrouve plus de poux sur le peigne, il faut repasser le peigne le lendemain, et 10 jours après pour s’assurer que les poux ont bien disparu (les poux mettant entre 6 et 10 jours à sortir de leur œuf).

À noter que le peigne seul suffit dans au moins 50% des cas.

Un pou ne survit pas plus d’une journée sans être en contact d’une tête. Ainsi, on peut laisser des draps, serviettes ou autre deux jours de côté et les remettre sans risque de se faire réinfecter. On peut également les laver à 50 degrés pendant 30 minutes. Les lavages à 40 degrés sont cependant trop froids pour s’assurer de tuer les poux, c’est bien 50 degrés minimum.

Concernant la prophylaxie (ou comment ne pas attraper de poux). Il n’y a … rien à faire. Les poux sont sensibles à la citronnelle, mais qui veut sentir la citronnelle des cheveux ? Les poux sautent de tête-à-tête et ne se transmettent pas par les sols, les draps, les serviettes ou autres objets inanimés.

Les politiques européennes et américaines ont été adeptes du “no nit policy”: les enfants ne doivent avoir aucun poux sur la tête et ne pas aller à l’école tant qu’ils ont des poux et tout faire pour retirer les poux le plus rapidement possible. Ces politiques n’ont aucune efficacité et des groupes de chercheurs militent pour l’arrêt de ces politiques depuis au moins … 2000 (et ici 2002 par exemple).

Les poux sont dont un sujet de société comme les autres avec des injonctions très fortes aux parents qui ne sont absolument pas justifiées. C’est normal d’avoir des poux et on ne peut rien faire pour les éviter. On peut seulement les retirer progressivement avec un peigne à poux et des produits recommandés par le gouvernement. Il est impossible de les retirer en une seule fois et il ne faut pas que les poux soient un motif d’exclusion d’école, les poux ayant de toute façon contaminé l’école.

L’ensemble des recommandations se trouvent ici : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/full/10.1111/ijd.15096

L’image qui fait réfléchir

La fin que vous ne lirez pas de toute façon

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Si le sujet de l’intelligence artificielle en psychothérapie vous intéresse, je vous recommande vivement le jeu vidéo Eliza, où l’on incarne une sorte de secrétaire de l'IA qui reçoit des patient et doit lire des prompteurs. L’objectif du jeu est de décider de si on suit aveuglément le prompteur ou si on décide de faire preuve de plus d’humanité, au risque de se faire licencier.

Par contre, je ne connais pas de jeu vidéo sur la ménopause, désolé.

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