Une étude qui met (pas tant que ça) à mal les biais de recrutement
Une méta-analyse de plus de 85 études a des résultats pour le moins surprenants. Elle s’intéresse aux biais dans le processus de recrutement entre les hommes et les femmes.
Cette méta-analyse tente de répondre aux questions suivantes :
En moyenne, les hommes ont-ils des résultats de candidature plus positifs que les femmes ?
Est-ce que l'effet du genre sur les résultats des candidatures est modéré par la perception stéréotypée du genre dans l'emploi ?
Est-ce que les biais de genre changent en fonction du temps ?
Les années depuis le début du mouvement #MeToo (c'est-à-dire à partir de 2018) sont-elles associées à un changement de discrimination à l'encontre des candidates féminines ?
Les données proviennent de beaucoup de pays différents et en partie en France, comme indiqué ici :
Et, à mon étonnement et à celui des chercheurs, les réponses aux questions de biais sont négatives : Les femmes ne subissent pas de biais de recrutement, peu importe le métier, et pour les métiers féminins, les hommes, eux, subissent un biais de sélection.
La data à partir de laquelle on ne constate plus de biais est environ 2009 (le moment où la courbe noire touche 1).
Devant un résultat aussi étonnant, on doit se dire “’elle est où la douille ?” Et je crois avoir compris le souci.
En premier, il faut noter que l’étude est extrêmement bien faite. D’un point de vue statistique comme théorique, tout se tient parfaitement. Là où réside le problème, selon moi, c’est dans l’indicateur pris. Je m’explique.
Les chercheurs ont souvent l’habitude de tout contrôler quand ils font leurs recherches. Dans le cas présent, la majorité des études se font de la manière suivante : on crée deux CV presque identiques, l’un avec un nom de femme, l’autre avec un nom d’homme, et on l’envoie aux recruteurs. La variable que l’on mesure, c’est le taux de retours positifs : les recruteurs qui indiquent vouloir rencontrer le candidat. La question est donc - y-a-t’il un biais dans le processus de sélection du candidat via le CV. Et je pense que la réponse de cette méta-analyse, bien que surprenante, est claire : il n’y a pas de biais de sélection du candidat à ce niveau-là entre homme et femme, sauf pour les métiers féminins.
Sauf que si on n’est pas naïf, il est clair qu’il existe un biais de genre dans le deuxième niveau - au moment de l’entretien avec le recruteur. C’est le moment où le recruteur demande aux femmes si elles ont des enfants, si elles veulent en avoir et tout ça et tout ça je vous l’a fait pas, si vous êtes une femme, vous savez mieux que moi. Et cette étude ne mesure pas ça, elle ne mesure que le “callback”, le retour positif par mail.
J’insiste de nouveau sur la grande qualité méthodologique de cet article qui amène un éclairage très intéressant sur la question, mais j’ai l’impression que les auteurs sont passés à côté d’un problème plus important concernant les entretiens de sélection. Mon avis est donc mi-figue, mi-tigé.
Source : Schaerer, M., du Plessis, C., Nguyen, M. H. B., van Aert, R. C. M., Tiokhin, L., Lakens, D., Giulia Clemente, E., Pfeiffer, T., Dreber, A., Johannesson, M., Clark, C. J., & Luis Uhlmann, E. (2023). On the trajectory of discrimination: A meta-analysis and forecasting survey capturing 44 years of field experiments on gender and hiring decisions. In Organizational Behavior and Human Decision Processes (Vol. 179, p. 104280). Elsevier BV. https://doi.org/10.1016/j.obhdp.2023.104280
La majorité des grandes entreprises mettent de l’argent dans le lobbying anti-climat
58%, c’est le pourcentage des 300 plus grandes entreprises qui dépensent de l’argent dans le lobbying dédié au greenwashing : des stratégies pour faire croire qu’elles sont plus vertes qu’elles ne le sont réellement.
Source : https://influencemap.org/briefing/The-State-of-Net-Zero-Greenwash-24402
Quelle est la « meilleure » mesure de la dépression ?
Des chercheurs néerlandais de l'étude PROCEED ont demandé à des patients, des aidants et d’autres parties concernées par la dépression ce que les chercheurs devraient mesurer dans les essais cliniques sur la dépression. Ils ont reçu plus de 8 183 réponses ouvertes de la part de 1912 patients, 464 aidants et 627 professionnels de la santé de 52 pays. Les résultats dessous montrent 80 domaines jugés importants par leurs participants. En bleu se trouvent les dimensions fonctionnelles et en rouge les symptômes.
À partir de ces résultats, les chercheurs se sont demandés quelle était l’échelle qui mesurait au mieux toutes ces dimensions. La recherche s'est déroulée en 4 étapes. En premier, les chercheurs ont identifié 450 essais randomisés contrôlés pour la dépression unipolaire et bipolaire chez l'adulte menés entre 2018 et 2022. Ils ont ensuite compté 388 mesures dans ces essais, et 296 spécifiques à la dépression.
Puis, de nombreux évaluateurs ont comparé chaque élément de chaque échelle avec chaque domaine de résultat. Les résultats sont les suivants :
En classant toutes les mesures de résultats, la liste est la suivante :
La HAMD contient 47 (59%) des 80 domaines, 42 / 64 domaines symptomatiques et 5 / 16 domaines fonctionnels
La MADRS contient 42 (53%) des 80 domaines, 41 / 64 domaines symptomatiques et 1 / 16 domaines fonctionnels
La BDI-II contient 31 (39%) des 80 domaines, 28 / 64 domaines symptomatiques et 3 / 16 domaines fonctionnels
Le PHQ-9 contient 22 (28%) des 80 domaines, 21 / 64 domaines symptomatiques et 1 / 16 domaines fonctionnels.
Il semble donc que la HAMD soit l’échelle la plus « complète » pour mesurer la dépression, bien que largement incomplète.
Source : https://eiko-fried.com/what-depression-measure-is-best/
À quel point la fraude dans les recherches sur le cancer est commune ?
Très.
Un article de 2016 d’Elisabeth Bik sur 20 000 études montre que 4% des études sont victimes de Photoshop nul. Genre dans le même article se trouvent les mêmes images très légèrement retouchées par Photoshop…
Source : https://www.vox.com/future-perfect/24086809/fake-cancer-research-data-scientific-fraud
Consensus limité sur ce qu'est l'anxiété climatique
On parle de plus en plus d'anxiété climatique, en raison de la prise de conscience accrue du grand public de l'aggravation de la crise climatique.
Pourtant, à l'heure actuelle, il n’y a aucune standardisation de la mesure de l'anxiété climatique dans la littérature scientifique. L’objectif de l’étude actuelle est de faire une revue systématique et une analyse de contenu des études sur le sujet.
Les chercheurs ont analysé 12 échelles distinctes mesurant l'anxiété climatique. Les 119 items couvraient un total de 57 symptômes. La moyenne des liens entre les symptômes des différentes échelles d'anxiété climatique était généralement très faible.
Sur cette image, très peu de points se recoupent.
Ces résultats mettent en évidence le manque d'uniformité dans l'évaluation de l'anxiété climatique et la nécessité de bien définir et opérationnaliser ce concept. Les chercheurs indiquent qu’il est maintenant essentiel de trouver un consensus sur la définition de l'anxiété climatique pour standardiser enfin une échelle de mesure.
Source : van Dijk, S., van Schie, K., Smeets, T., & Mertens, G. (2024, March 1). Limited Consensus on What Climate Anxiety is: Insights from Content Overlap Analysis on 12 Questionnaires. https://doi.org/10.31234/osf.io/p8exa
Communiqué de presse EPI-Phare sur les vasectomies
Plus de 30 000 vasectomies ont été pratiquées en 2022, contre moins de 2 000 en 2010. En dix ans, on est passé à l'inverse d'environ 45 000 à 20 000 stérilisations féminines. Autrement dit, depuis deux ans, il y a plus de vasectomies que de stérilisations féminines.
Les hommes ayant choisi la vasectomie entre 2010 et 2022 sont âgés de 41,7 ans en moyenne (39,9 ans en moyenne pour les femmes qui se font stériliser).
Avant d'en tirer des conclusions trop rapides, il est important de se souvenir que l'effondrement des stérilisations féminines est liée à l'interdiction des Essure. Et qu'il est toujours extrêmement difficile d'obtenir une ligature/ salpingectomie pour les femmes, par réticence des gynécologues.
https://www.epi-phare.fr/actualites/vasectomie_communique-de-presse-12-02-2024/
L’image qui fait réfléchir
Veille en psychologie clinique
Dans cette partie, je vous propose une critique détaillée d’un article se proposant de faire la méta-analyse des prédicteurs de l’efficacité de la psychothérapie face au trouble de stress post-traumatique. Le moins qu’on puisse dire, c’est que mon analyse va être salée.
Une revue systématique et une méta-analyse des prédicteurs de la réponse à la psychothérapie axée sur le traumatisme pour le trouble de stress post-traumatique
Une méta-analyse s’est intéressée aux raisons pour lesquelles les psychothérapies axées sur le traumatisme fonctionnent pour le stress post-traumatique.
Les psychothérapies axées sur le traumatisme se définissent comme suit :
Ces thérapies sont généralement définies comme axées sur le traumatisme parce qu'elles se concentrent sur là revisite des souvenirs du traumatisme, le traitement des émotions associées et tentent généralement de modifier les pensées excessivement négatives sur le traumatisme et sur soi-même via une forme de thérapie de restructuration cognitive.
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