Une cartographie des symptômes
Combien y a-t-il de symptômes différents dans le DSM ?
Si vous avez dit 628, bravo, c’est la bonne réponse. Combien de ces symptômes se retrouvent dans plusieurs critères diagnostics différents ?
231, bravo ! si vous avez eu juste aux deux questions vous êtes on fire ou alors des gros mythos.
Voici comment elles se recoupent :
Si vous trouvez cette carte belle, mais illisible, c’est une raison supplémentaire de lire cette newsletter sur votre télé.
Source : https://psyarxiv.com/u56p2/
Le sommeil est-il un trouble ?
Quand on y réfléchit, le sommeil nous enlève un tiers de notre vie, nous laissant pendant ce temps largement inconscients de notre environnement, non fonctionnel, avec des hallucinations par période, et partiellement paralysés.
Pourtant, le sommeil n'est pas considéré comme un trouble. Mais alors, c’est quoi un trouble ?
https://doi.org/10.7551/mitpress/9949.003.0020 (apparemment même les auteurs de l’article n’arrivent pas à définir ce qu’est un trouble alors on va laisser cette question en suspens).
Mésinformation et motivation
La mésinformation est-elle causée par un manque de connaissance ou de motivation à remettre en cause ses croyances ?
À travers 4 expérimentations (3364 participants) une équipe de recherche a motivé (avec des pépettes) des participants américains pour juger de la véracité d’une information. Les groupes avec pépètes se trompaient environ 30% fois moins que ceux sans. L’argent aidait d’autant plus à ne pas se tromper quand des gens de droite devaient vérifier des infos des gens de gauche (visiblement quand on est de droite, l’argent aide vachement à bien réfléchir, ne me demandez pas pourquoi c’est la science qui le dit).*
En tous les cas, cette étude indique que la mésinformation provient quand même beaucoup d’un manque de motivation à remettre en cause ses croyances.
https://www.nature.com/articles/s41562-023-01540-w *droite signifiant républicain et gauche libéraux donc dans une version américain de la gauche/droite.
Pourquoi les gouvernements ne font pas plus d’expérimentation ?
Puisqu’on demande aux chercheurs en médecine de faire des essais randomisés contrôlés pour s’assurer d’un protocole ou s’assurer qu’un médicament fonctionne, pourquoi ne demande-t-on pas le même niveau de rigueur méthodologique aux décideurs politiques ?
Une première objection est que les méthodes expérimentales ne s'appliquent tout simplement pas aux questions gouvernementales. Vous ne pouvez pas mener une expérimentation budgétaire pour tester un marché boursier. Et de nombreuses décisions prises par les gouvernements ne concernent pas uniquement « ce qui fonctionne », mais plutôt des valeurs morales. Un essai randomisé ne peut pas vous dire quelle est la position éthique correcte en matière de politique d'immigration ou de redistribution des richesses.
Ok, mais la grande majorité de ce que font les gouvernements au jour le jour est profondément pratique et pas liée à des valeurs morales. Sur ces domaines, la méthodologie scientifiques serait utile.
Alors pourquoi ne pas sauter le pas ? Parce que les politiciens ne veulent pas. Après tout, le risque de mener un essai est qu'il pourrait montrer qu'une politique que le gouvernement a défendue n'est en réalité pas bonne, et les politiciens n'aiment pas être forcés d'admettre qu'ils ont tort. Sauf que c’est une explication un peu rapide.
En effet, les politiciens ne sont pas les seuls réfractaires. Des citoyens ordinaires pourraient aussi désapprouver les expérimentations, même s'ils approuveraient individuellement toutes les différentes politiques ou interventions qui étaient testées. Cette "aversion à l'expérimentation" est un phénomène documenté par des recherches. On veut des politiciens qui nous représentent, peu importe que nos croyances soient fondées scientifiquement.
Pour conclure, si on souhaite amener les gouvernements à proposer des politiques basées sur la méthode expérimentale, il ne suffit pas de convaincre les politiciens, il faut aussi convaincre les citoyens.
The big idea: should governments run more experiments?
Enfin un médicament contre Alzheimer ?
Un nouveau médicament permet de réduire de 35% le déclin cognitif associé à Alzheimer. Ce médicament a pour fonction d'éliminer les plaques amyloïdes collantes du cerveau. Si on en parle, c'est parce que médicament a été testé avec succès sur 552 patients (face à environ 500 patients avec Placebo). Il était donc presque prêt à être commercialisé en mai dernier.
Le médicament n'est cependant pas sans effet secondaire, ayant été associé à un œdème cérébral chez près de 13 % des participants à l'étude. L'entreprise qui souhaite commercialiser le médicament a indiqué que les bénéfices étaient néanmoins supérieurs aux risques.
Depuis mai, on attend toujours la commercialisation aux USA (qui devrait arriver dans les prochains jours), tandis que le Royaume-Uni indique avoir lancé une procédure pour le commercialiser l’année prochaine.
Source : https://www.reuters.com/business/healthcare-pharmaceuticals/lilly-drug-slows-alzheimers-progression-by-35-trial-2023-05-03/
Source : https://www.theguardian.com/society/2023/dec/17/new-alzheimers-drugs-bring-hope-of-slowing-disease-for-uk-patients
TCC et phobies chez les enfants
Une étude sur 268 enfants entre 7 et 16 ans indique que pour les phobies, une session de 3 heures de thérapie cognitivo-comportementale était aussi efficace qu'un suivi avec plusieurs sessions (entre 4 et 20 selon les enfants de ce groupe). Suite à cette étude, près de 170 psychologues cliniciens anglais ont été formés à ces sessions uniques dans le traitement des phobies pour les enfants.
Source : https://evidence.nihr.ac.uk/alert/one-session-cbt-treatment-effective-for-young-people-with-phobias/
L'accouchement particulier de l'humain
L'humain a quelques particularités uniques pour l'accouchement, qu'il ne partage donc pas avec les autres grands singes. En premier, l'accouchement dure longtemps, plusieurs dizaines de minutes, tandis qu'elle ne dure que quelques secondes chez le chimpanzé. En second, le fait qu'elle se fasse en trajectoire incurvée fait qu'elle nécessite une aide — la sage-femme.
La raison de cette trajectoire incurvée est liée à la bipédie, selon l’hypothèse du dilemme obstétricale. Pour pouvoir quand même faire en sorte que bébé sorte, le bébé né "prématurément", avec un cerveau beaucoup plus petit qu'à l'âge adulte, environ 23% du poids adulte. En comparaison, les grands singes ont un poids du cerveau à la naissance d'environ 43% du poids adulte.
Mais quand est apparue cette différenciation ?
L'étude en source s'est ainsi intéressée au bassin des australopithèques et a créé en 3d un maillage de ce à quoi pourrait ressembler un bassin moyen. Si ce maillage est bon, ça signifierait que l'australopithèque accouchait d'un bébé dont le cerveau avait un poids de 28% du cerveau adulte, plus proche de l'humain actuel que des grands singes.
Une implication étonnante de cette étude est que, puisqu'il faut un aidant pour accoucher avec la trajectoire incurvée... la sage-femme existait déjà au temps des australopithèques.
Source: https://theconversation.com/pourquoi-laccouchement-humain-est-il-beaucoup-plus-difficile-que-celui-de-nos-cousins-les-grands-singes-183059
L’image qui fait réfléchir
Et Joyeux Noël à toutes et tous !
La partie qui debunk
On s’intéresse aujourd’hui au traumatisme transgénérationnel.
Le traumatisme transgénérationnel est le fait que lorsqu’une personne ou un groupe d’individu souffre d’un stress lié à une situation, il va/vont transmettre ce stress à la génération suivante. Cette transmission peut être orale : on va raconter son histoire, culturelle, où on va transmettre son héritage et sociale : les effets d’un stigmate à une génération ne vont pas disparaitre à la génération suivante.
Il y a cependant un effet de mode qui indiquerait que cette transmission du traumatisme se ferait par une modification de l’ADN ou de l’expression de l’ADN. Cette croyance est associée à deux arguments : 1) on observe des modifications du fonctionnement in-utero quand la mère est enceinte du bébé et 2) on observe des modifications génétiques chez les survivants de traumatisme de guerre comme par exemple durant l’holocauste.
Pour le premier point, il existe des explications qui n’impliquent pas la génétique. Si la mère enceinte vit un traumatisme comme une guerre, elle va avoir des manquements dans son alimentation ou son sommeil qui va directement impacter le développement de l’enfant in utero. Une fois accouché, l’enfant va donc se développer en écho à ces manquements. Il n’y a pas eu ici de traumatisme transgénérationnel, car la génération du bébé était déjà vivant, juste pas encore né.
Pour le second point, l’étude qui est généralement citée est la suivante. Elle implique 32 survivants de l’holocauste contre 8 personnes dans un groupe contrôle. Le reste des études portent généralement sur des souris, avec des effets qui ne seront pas réplicables sur les humains.
Plus d’information dans cette source qui date de 2015, et c’est quand même triste qu’on continue d’en parler encore : https://www.theguardian.com/science/blog/2015/sep/11/why-im-sceptical-about-the-idea-of-genetically-inherited-trauma-epigenetics
La fin que vous ne lirez pas de toute façon
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Du coup la sage-femme serait le plus vieux métier du monde ?
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