Psycho Papers

Une newsletter qui rassemble et vulgarise des études actuelles en psychologie.

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Par Adrien Fillon
8 nov. · 3 mn à lire
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Psycho Papers #23

La loyauté, c’est pour les faibles (surtout au travail) - Les filles se croient mauvaises en math - L’homéopathie ça marche ? - Un petit jeu de publication scientifique - Quelques piécettes, mon brave, pour votre nom ? - J’adore les femmes. Dans 20/30 ans, y’en aura plus - Moi, moi et moi

La loyauté, c’est pour les faibles (surtout au travail)

La loyauté est souvent présentée comme un principe moral, ou une vertu, dont il convient de s'inspirer dans les relations sociales et professionnelles. Mais est-ce toujours bénéfique d'être loyal ?

Pour les employés dans leur travail, la réponse est assez claire : au lieu de les protéger ou de les récompenser, les employés loyaux sont (en moyenne) sélectionnés et ciblés par les managers pour les exploiter. La raison est que la loyauté est un indicateur que l’employé accepte de faire des sacrifices personnels pour l’objet de leur loyauté. Les auteurs indiquent qu’il serait préférable de travailler pour ce qu’on vous paye, et éviter d’être trop loyal à votre employeur si vous ne voulez pas en souffrir (rarement vu des chercheurs autant de gauche perso ça fait chaud au cœur).

https://www.sciencedirect.com/science/article/abs/pii/S0022103122001615


Les filles se croient mauvaises en math

Peu importe leur niveau en math, les filles de troisième de 46 pays différents ont toujours plus tendance que les garçons à dire qu’elles ne sont pas bonnes en math.


L’homéopathie ça marche ?

Une méta-analyse de 50 essais randomisés contrôlés sur l’homéopathie trouve un effet de l’homéopathie de d = 0.36 par rapport à un groupe contrôle avec un placebo, un effet généralement considéré comme moyen dans le domaine biomédical. Qu’en conclure, que l’homéopathie fonctionne ? Pas vraiment. Mais qu’en conclure des médicaments qui présentent des tailles d’effet similaire ? Ne faudrait-il pas comparer l’efficacité des médicaments par rapport à l’homéopathie plutôt qu’un autre placebo ?

https://www.jclinepi.com/article/S0895-4356(23)00010-0/


Un petit jeu de publication scientifique

Voici le nombre de citations d’un article à travers le temps.

En quelle année cet article a-t-il été rétracté ?

Premier article : nombre de citations au cours du tempsPremier article : nombre de citations au cours du temps

Et ici ?

Deuxième article : nombre de citations au cours du tempsDeuxième article : nombre de citations au cours du temps

Les deux articles ont été rétractés… en 2014. Une nouvelle preuve que la science ne s’auto-corrige pas.

Par Marcus Crede : https://twitter.com/MarcusCrede/status/1632844848368701445


Quelques piécettes, mon brave, pour votre nom ?

L'Arabie Saoudite propose aux chercheurs ayant travaillé dans leur université de mettre une affiliation à cette université quand ils publient leur recherche, en leur proposant de l'argent pour ce faire. Leur objectif est de montrer que leurs universités saoudiennes sont compétitives en publiant de nombreuses recherches alors que les chercheurs ne travaillent pas/plus pour eux. J’informe que l'Arabie Saoudite peut me contacter par retour de mail, en fonction de la rémunération proposée. Bien cordialement, Adrien Fillon, Chercheur à l'université de Riyadh.

https://www.nature.com/articles/d41586-023-01523-x


J’adore les femmes. Dans 20/30 ans, y’en aura plus

En 2021, des chercheurs japonais ont réussi à recréer l’environnement ovarien de souris en laboratoire. En 2022, ces mêmes chercheurs ont cultivé des cellules de souris mâles (XY) jusqu’à ce qu’elles perdent leur Y, et les ont fertilisés avec du sperme de souris mâles, créant ainsi des fœtus de souris… avec de l’ADN de mâle uniquement. Ils les ont ensuite greffés dans des utérus (de femelles) pour voir ce que ça donne. Sur les 630 embryons, seuls sept se sont développés jusqu’à devenir des souris adultes… et fertiles.

On a donc une première preuve de concept qu’on peut créer des êtres vivants à partir de l’ADN de deux mâles (mais quand même un utérus femelle).

https://www.nature.com/articles/d41586-023-00717-7

Moi, moi et moi

Une comparaison des 8 échelles de narcissisme montre qu’il y a très peu de relations entre elles. Aïe. Comment savoir ce qu’est le narcissisme si on ne sait pas le mesurer ?

Néanmoins, en moyenne, sur chaque échelle, les jeunes adultes étaient plus narcissiques que les plus vieux, et les hommes plus que les femmes. Étant moi-même encore un jeune homme, je vous prierai de ne parler que de moi en ma présence.

https://psyarxiv.com/5ygtc/

L’image qui fait réfléchir

Mauvaise nouvelle: Ils ont enfin fait une méta-analyse de toute la science, et il apparait que le résultat n'est pas significatifMauvaise nouvelle: Ils ont enfin fait une méta-analyse de toute la science, et il apparait que le résultat n'est pas significatif


La question des abonnés

Suite à une story pas si ancienne que ça, j’ai eu des Tonnes de questions sur “est-ce que le régime méditerranéen est vraiment bon pour la santé mentale ?” J’ai donc fait mes petites recherches. Il se trouve que les études observationnelles et/ou longitudinales remarquent que les personnes vivant dans un endroit où on mange méditerranéen (donc la méditerranée) ont moins de troubles dépressifs que dans d’autres endroits. Un exemple ici, une méta-analyse . Sauf que ces études ne sont pas causales : on ne peut pas savoir si c’est précisément le régime méditerranéen qui réduit les risques de dépression, ou la dépression qui amène à manger autrement, ou si un troisième facteur influence les deux. Typiquement, l’argent pourrait permettre de plus manger de poisson frais plutôt que du fast-food, ET protège des risques de dépression.

Il est à noter que d’autres méta-analyses n’indiquent aucun effet de l’adhérence au régime méditerranéen sur les risques de dépression. Exemple ici.

Ainsi, en 2021, un article se propose de faire une méta-analyse de méta-analyses, agrégeant tous les résultats des études précédentes. Role of dietary factors in the prevention and treatment for depression: an umbrella review of meta-analyses of prospective studies | Translational Psychiatry (nature.com)

Voici la traduction de sa conclusion : “Dans l'ensemble, les associations entre les facteurs alimentaires et la dépression ont fait l'objet d'évaluations approfondies, mais aucune d'entre elles n'a été jugée d'une qualité de preuve élevée […]. Il est donc nécessaire de mener des recherches plus approfondies sur les facteurs alimentaires en relation avec la dépression.”

En somme, on ne sait pas parce que les études faites sur le sujet ne sont pas suffisamment bien faites. Un exemple indirect est les résultats de cette méta-analyse :

Alimentation saine RR = 0.74 [0.48–0.99]

Poisson RR = 0.88 [0.79–0.97]

Café RR: 0.89 [0.84–0.94]

Supplémentation en zinc RR = 0.66 [0.50–0.82]

Réduction d’alcool RR = 0.77 [0.74–0.83]

Utilisation de boisson sucrée RR= 1.05 [1.01–1.09]

Hormis les deux résultats en gras, tous les autres sont excessivement proches de 1, qui signifie pas d’effet (il y a autant de chance de risque de dépression dans le groupe avec ce régime et le groupe contrôle). Cela montre à nouveau les problèmes actuels de la recherche : de faibles échantillons associés à des libertés données au chercheur de manipuler les données ainsi que la publication uniquement de résultats significatifs amènent à ces faux positifs : on a l’impression qu’il y a un résultat alors que ces résultats sont dus à une mauvaise qualité de la recherche (et il n’y a pas que moi qui le dit, les auteurs de la méta-analyse disent pareil).

La conclusion est donc assez simple : il n’existe pas à l’heure actuelle d’étude sérieuse pouvant apporter des preuves que le régime méditerranéen est bénéfique à la santé mentale, car les études n’ont pas été menées. Les seules qui existent sont des études corrélationnelles qui ne peuvent pas amener à des relations de causalité.


La fin que vous ne lirez pas de toute façon

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J’ai aujourd’hui la preuve que mes petites punchlines vous font mieux apprendre. c’est scien-ti-fique.

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