Petite correction sur le numéro 38. Après avoir lu l’article sur le lien entre implant cochléaire et surdité, j’ai utilisé le terme langage des signes simplement après avoir traduit “mot à mot” sign language en français. C’est évidemment la langue des signes, merci aux abonnés me l’ayant indiqué.
Idéation suicidaire et autisme
Les idéations suicidaires sont plus importantes chez les personnes autistes que dans la population générale, selon une méta-analyse sur le sujet. La prévalence des idées suicidaires était de 34,2 %, des planifications de suicide de 21,9 % et des tentatives et comportements suicidaires de 24,3 %, sur 48 186 participants. En comparaison, les idéations suicidaires en France sont de 4.7 % et les tentatives de suicide d'environ 0.30 %.
Source: Newell, V., Phillips, L., Jones, C. et al. A systematic review and meta-analysis of suicidality in autistic and possibly autistic people without co-occurring intellectual disability. Molecular Autism 14, 12 (2023). https://doi.org/10.1186/s13229-023-00544-7
L’homéopathie en Isère
Selon un mémoire infirmier, 79 % de 63 sages-femmes d'Isère prescrivent de l'homéopathie, et 30 en ont prescrit sans formation à l'homéopathie. La conclusion (validée par le jury donc) est qu'il vaut mieux former les sages-femmes à l'usage de l'homéopathie. Allons donc.
Source: https://twitter.com/SaiyanBio/status/1636637990842769410
Les interventions de psychologie sociale (encore) à la peine pour lutter contre le changement climatique
Après la dernière newsletter dont un article parlait de l’efficacité de 10 interventions de changement de comportement en faveur du climat, et concluait : « Contrairement à ce qu’on aurait souhaité, les interventions n’ont pas fonctionné. », voici une méta-analyse sur l'efficacité des interventions pour modifier les comportements associés au changement climatique. De manière générale, les interventions améliorent de 12 % le comportement envers le changement climatique si on prend l'ensemble des études, et 2 % si on prend uniquement les études randomisées contrôlées avec mesure directe du comportement. Et cela ne concerne que des effets à court-terme. Cette méta-analyse confirme donc que les interventions individuelles, c'est quand même pas top top pour aider le climat.
Source : Bergquist, M., Thiel, M., Goldberg, M. H., & van der Linden, S. (2023). Field interventions for climate change mitigation behaviors: A second-order meta-analysis. In Proceedings of the National Academy of Sciences (Vol. 120, Issue 13). Proceedings of the National Academy of Sciences. https://doi.org/10.1073/pnas.2214851120
Il n'y a pas de petits gestes.
Les gestes induisent-ils des faux souvenirs ? L'étude présentée a été conduite sur des enfants de 5 à 8 ans. Ils devaient regarder une courte vidéo de femmes faisant de la gymnastique, puis répondre à trois questions relatives à ce qu'elles faisaient. Pour certaines questions, l'expérimentateur ne faisait pas de gestes et pour d'autres, il faisait des gestes. Par exemple, quand il demandait de “décrire le juge derrière la gymnaste”, il pouvait garder les mains sur la table ou faire une sorte de barbe avec sa main (alors qu'il a une moustache).
Les résultats sont les suivants : les faux gestes ont augmenté les probabilités d’avoir des faux souvenirs en mémoire des enfants par rapport au groupe de contrôle. Les enfants étant induits en erreur par au moins une question près des trois quarts du temps. Les questions sur les détails périphériques et les gestes plus visibles et expressifs ont encore accru les faux souvenirs, même les gestes subtils ayant une forte influence trompeuse.
Légende : on observe une réduction drastique de la barre bleue entre “accurate” et les autres, à 5/6 ans, mais aussi 7/8 ans, et une augmentation de la barre jaune entre “no gesture” et “misleading” indiquant plus d’erreurs lorsque le geste était trompeur.
Les chercheurs indiquent que les enquêteurs doivent être conscients que même des gestes subtils peuvent induire en erreur les enfants témoins et que les éléments de preuve concernant les détails périphériques sont vulnérables et susceptibles d'être perturbés.
Source : Johnstone, K. L., Blades, M., & Martin, C. (2023). No gesture too small: An investigation into the ability of gestural information to mislead eyewitness accounts by 5- to 8-year-olds. In Memory & Cognition (Vol. 51, Issue 6, pp. 1287–1302). Springer Science and Business Media LLC. https://doi.org/10.3758/s13421-023-01396-5
Pourquoi il y a des gens gentils ?
Qu'est-ce qui distingue les personnes altruistes des autres ? Chez plus de 300 personnes altruistes (dont des donneurs de rein, de foie ou de moelle, des sauveteurs héroïques, des travailleurs humanitaires), les chercheurs ont mesuré toute une série de caractéristiques liées à l'altruisme, notamment l'empathie, l'agréabilité, la sensibilité au risque et la prise de décisions intuitives.
Aucun de ces traits ne distinguait les plus altruistes de la population générale. En réalité, les seuls traits et les comportements différents sont ceux relatifs au désintéressement (le fait d'accorder plus d'importance au bien-être d'autrui). - Plus grande honnêteté-humilité - Moins d'actualisation sociale - Moins de détresse personnelle.
Cela peut sembler évident, mais ce n'est pas le cas ! En effet, les chercheurs ont également demandé à des adultes de prédire les traits qui distingueraient les plus altruistes de la population générale, et ils ont estimé que les plus altruistes seraient meilleurs sur tous les traits, d’empathie et d’agréabilité.
En conclusion, l'altruisme extraordinaire est le reflet d'une véritable valorisation du bien-être des autres.
Source : Rhoads, S. A., Vekaria, K. M., O’Connell, K., Elizabeth, H. S., Rand, D. G., Kozak Williams, M. N., & Marsh, A. A. (2023). Unselfish traits and social decision-making patterns characterize six populations of real-world extraordinary altruists. In Nature Communications (Vol. 14, Issue 1). Springer Science and Business Media LLC. https://doi.org/10.1038/s41467-023-37283-5
Des médicaments extraordinaires
Sur Our World In Data : « Avant 2000, lorsque l'enregistrement préalable des études n'était pas obligatoire, la plupart des médicaments candidats destinés à traiter ou à prévenir les maladies cardiovasculaires présentaient des avantages importants. Mais la plupart des essais publiés après 2000 n'ont montré aucun bénéfice».
Légende : à gauche, avant 2000, presque tous les médicaments indiquaient des effets bénéfiques (et nuls pour certains). À droite après 2000, presque tous les médicaments indiquent des effets nuls.
https://ourworldindata.org/randomized-controlled-trials
Faire jouer le réseau
Pour trouver du travail, il faut faire jouer le « réseau ». Mais qu'est-ce que c'est qu'un réseau ? Il est constitué d'un noyau central, les relations “fortes” et d'une périphérie distante, les relations “faibles” les personnes qu'on a rencontrées une fois, les amis d'amis, les personnes avec qui on a parlé une fois sur LinkedIn. Une étude faite avec les données de LinkedIn indique que ce sont justement ces relations « faibles » qui augmentent le plus les probabilités de trouver un travail. Il paraît que c'est beaucoup plus pratique que de traverser la rue. Alors, activez votre réseau.
Source : Rajkumar, K., Saint-Jacques, G., Bojinov, I., Brynjolfsson, E., & Aral, S. (2022). A causal test of the strength of weak ties. In Science (Vol. 377, Issue 6612, pp. 1304–1310). American Association for the Advancement of Science (AAAS). https://doi.org/10.1126/science.abl4476
Le stigmate de l’obésité
Selon un sondage, près de la moitié des Français pensent que l'obésité est liée à un manque de volonté. Pour estimer leurs proportions en France, ces scientifiques se sont appuyés sur la cohorte NutriNet Santé, un ensemble de 34 000 adultes répondant régulièrement à des questionnaires sur la nutrition.
Source : Branche, O., Buscail, C., Péneau, S., Baudry, J., Poitou, C., Oppert, J.-M., Czernichow, S., Kesse-Guyot, E., Touvier, M., Julia, C., & Bellicha, A. (2023). Correlates of Weight Bias in Adults From the NutriNet-Santé Study. In American Journal of Preventive Medicine (Vol. 65, Issue 2, pp. 201–212). Elsevier BV. https://doi.org/10.1016/j.amepre.2023.02.012
L’image qui fait réfléchir
Graphique représentant la taille des départements selon leur numéro
La Partie des abonnés
Dans la partie des abonnés, je vulgarise deux articles de psychologie clinique afin de participer à la veille scientifique des cliniciens. Aujourd’hui, on parle d’une revue des risques de la mindfulness dans le traitement des psychoses, et du feedback associé à un dépistage de la dépression sur internet
Revue systématique des risques de la mindfulness dans les psychoses
Une revue systématique s'est intéressée aux risques associés à la mindfulness dans le traitement des psychoses. La méta-analyse s'est intéressée uniquement aux essais randomisés contrôlés, comptant 39 études sur 2634 patients.
...